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Les légumineuses, enjeux économiques et écologiques

05/03/2017

Tel est le titre de l'article, signé Xavier Olry, relatant dans le journal Le Petit Meunier - La Dépêche (édition du 28 février 2017).

Le Journaliste y écrit :

Des obstacles ont gêné la croissance des légumineuses en France, a noté Alban Thomas, économiste à l’Inra, évoquant le verrouillage des choix effectués il y a vingt ans. « Toute solution retenue emporte des soutiens croissants, qui la rendent performante », a expliqué le chercheur devant l’Académie d’agriculture de France. Délaissées par la Pac, les légumineuses constituent moins de 2 % des surfaces en grandes cultures, et sont peu consommées en nutrition animale. L’avantage donné au soja importé et aux céréales a perduré.

« Des leviers sont à actionner en régulation des marchés, identification des débouchés, fédération des acteurs pour valider le choix de production des légumineuses », estime-t-il. Le verdissement de la Pac remet en selle ces espèces mineures, et le paiement vert du second pilier offre des possibilités. Hervé Durand, directeur de la performance économique au ministère de l’Agriculture, a pointé des orientations peu axées sur les systèmes de production, tout en notant qu’elles ont relancé le colza. « On a fait feu de tout bois pour réduire notre dépendance », a-t-il admis. Avec le retour de l’aide couplée soja-plantes fourragères, la baisse des surfaces en légumineuses est endiguée, selon lui.

La démonstration d’une agricultrice de Mayenne, Marie-Françoise Brizard-Pasquet, a emporté les suf-frages. Depuis dix-sept ans en agriculture raisonnée, elle produit 100 t/an de protéine brute, 40 t de blé et 826 t de matière sèche, sans engrais azoté, sur 102 ha, et nourrit 110 bestiaux, dont 50 vaches laitières (340 000 litres/an). La luzerne restituant plus d’unités azotées que le soja (1 000 contre 800) ou le maïs grain sur la rotation, elle en sème 21 ha. Se décrivant comme un profil « conscient », elle donne « priorité aux légumineuses au service de son troupeau », pour alimenter une demande qualitative. « Le secteur de la transformation doit aussi valoriser la biomasse fourragère pour extraire des protéines bioénergétiques », a souhaité Christian Huygue, membre de l’Académie.