Au niveau mondial, les pertes occasionnées au champ par les ravageurs (insectes et acariens principalement) représentent près de 18% de la production potentielle des cultures (OERKE, 2006) . En aval des chantiers de récolte, toutes les filières de la production végétale s’efforcent par ailleurs de prévenir la survenue de dommages quantitatifs et qualitatifs liés aux ravageurs et ce, tout au long des opérations de stockage, de transport, de transformation et jusqu’à l’étalage des distributeurs.
Pour un territoire donné, cette protection doit prendre en compte tout à la fois les ravageurs indigènes ou installés de longue date, les populations devenues résistantes à des insecticides mais encore de nouvelles espèces envahissantes, des ravageurs re-émergents ou ceux qui, considérés comme secondaires, redeviennent importants à la faveur de modifications dans les stratégies de lutte antérieurement appliquées. Dans un contexte aussi évolutif, les principales interrogations portent à la fois sur l’existence de nouvelles solutions pour la lutte directe mais aussi sur la valeur des mesures de protection indirecte mises en avant avec la diffusion des principes de la lutte intégrée.
Pour apporter un regard nouveau sur ces problèmes, nous avons choisi tout d’abord de décrire certaines évolutions récentes dans la panoplie des moyens de lutte directe disponibles, puis de signaler les principales mesures indirectes de protection dont les agriculteurs se saisissent ou souhaiteraient se saisir. Nous aborderons ensuite le délicat problème des ravageurs envahissants (introduits ou re-émergents en particulier), des mesures de régulation existantes, des difficultés que nous rencontrons pour empêcher les introductions dommageables et pour les réguler par la suite. Enfin, nous terminerons en décrivant un projet entièrement nouveau pour la France, basé sur la lutte autocide.