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Irrigation et gestion de l’eau. Enjeux dans le cadre du changement climatique

19/05/2021 à 14h30
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L’irrigation a été un élément fondateur de nombre de civilisations. L’aménagement des eaux y a façonné les paysages et contribué de façon déterminante à la sécurité alimentaire. Ouvrant de nouveaux champs possibles pour un agriculteur ou pour un territoire donné, facteur de sécurité et de compétitivité et créatrice d’emplois nombreux, l’irrigation s’est développée au 20e siècle bien au-delà de ses territoires anciens.

Alors que dans certains pays, l’hydraulique agricole et le développement de l’irrigation demeurent un enjeu important de politique publique, la France a considéré à partir des années 1985 que la « mission hydraulique » arrivait à son terme. Le Ministère de l’agriculture s’étant progressivement désintéressé du sujet, la politique de l’eau, pilotée par le Ministère en charge de l’environnement, s’est principalement centrée sur l’objectif de bon état écologique des « masses d’eau » fixé par la Directive cadre sur l’eau. Les politiques, institutions, planifications et financements publics intéressant l’eau et l’agriculture ont évolué en conséquence.

Cependant, le sujet revient sur le devant de la scène. Alors que certains critiquent l’irrigation - notamment celle du maïs - ou contestent et bloquent la réalisation d’infrastructures d’intérêt collectif, d’autres soulignent la richesse en eau du pays, sa dépendance aux importations de fruits et légumes depuis des pays qui surexploitent leurs ressources et les nouveaux besoins à satisfaire pour raisons de changement climatique. En effet, l’Europe se « méditerranéise » et s’« aridifie » dans son sud, même la vigne, plante pourtant résistante à la sécheresse, recourt de plus en plus aujourd’hui à des irrigations d’appoint dans nos régions méridionales et Météo France annonce des sécheresses des sols « extrêmes » sur tout le territoire national d’ici 2080. S’y ajoute le redoutable effet ciseau annoncé par le GIEC : celui de besoins d’eau accrus en été se confrontant à des étiages de plus en plus sévères. Les arrêtés de restriction d’eau touchent déjà régulièrement plus de 80 départements et les scénarios de statu quo ne sauraient être une solution. Plusieurs prospectives  alertent sur la forte montée des déséquilibres entre ressources et demandes en eau et sur leurs conséquences sur les milieux aquatiques et agricoles, les biens, emplois et services associés, et donc aussi sur les territoires et sur le pays.

Le besoin d’aller de l’avant a amené à de nouvelles mobilisations dans les territoires, à la nouvelle procédure interministérielle décentralisée PTGE (projets de territoires gestion de l’eau) ainsi qu’à l’élaboration conjointe par les Conseils généraux des Ministères en charge de l’agriculture et de l’écologie du rapport « Changement climatique, eau, agriculture : quelles trajectoires 2050 ? » rendu public fin décembre 2020. On signalera aussi l’adoption par le Partenariat Français pour l’Eau de son message général sur le thème « L’eau et le développement rural : une réponse systémique, inclusive et décentralisée pour atteindre les ambitions de l’Agenda 2030 ».

En s’appuyant sur ces apports récents et sur une lecture des évolutions constatées au niveau national, dans quelques territoires en recherche de solutions ainsi que dans l’Espagne voisine, la séance de l’AAF du 19 Mai, préparée par la section 10, a pour ambition d’apporter à son tour sa contribution au nécessaire débat. Quelles trajectoires eau/agriculture et quel type d’irrigation promouvoir demain et pour quels enjeux ? Comment agir dans les territoires pour sortir des confrontations et des blocages actuels et réussir des transitions d’intérêt général ? Quelles implications pour la recherche et le développement ? Quelle évolution donner à nos politiques publiques intéressant l’eau et l’agriculture et aux institutions chargées de leur mise en œuvre pour réussir des transitions à grande échelle ? Le déroulé prévu pour la séance est le suivant :

Exposé(s)
Quelles visions pour l’irrigation, l’agriculture, la gestion de l’eau et les politiques publiques en France (avec une illustration sur le territoire du Midour) ?
Michel SALLENAVE, Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts, coordinateur du rapport conjoint CGAAER/CGEDD
Un exemple de recherche de compromis/projet de territoire : les bassines des Deux-Sèvres
Frank MICHEL
Irrigation et gestion de l’eau en Espagne/bassin du Jucar : évolution institutionnelle, planification, enjeux et défis
Marc GARCIA, Commissaire aux Eaux à la Confédération Hydrographique de Júcar