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Les essais à long terme : observation et manipulation, outils indispensables pour la connaissance des écosystèmes

06/10/2021 à 14h30

Dès les années 70, les relations Homme-Biosphère ont donné lieu aux programmes internationaux initiés par l’UNESCO. Les crises environnementales ont permis de dynamiser ces travaux relevant d’une approche holistique, par exemple l’impact de la sécheresse de 1976, les pluies acides des années 80, puis le dossier Changements Climatiques.

En France, c’est le CNRS qui a mené en premier des recherches en amont alors que l’Inra n’a réagi que postérieurement aux questions environnementales, dans le développement de recherches à caractère systémique dans le domaine des cycles biogéochimiques des milieux continentaux. Les conséquences principales ont été un faible renouvellement des idées, l’obtention de données difficilement utilisables pour répondre aux préoccupations du terrain et en décalage avec les défis que posent de nouvelles options de la politique agricole et environnementale, comme par exemple l’agro-écologie.

De quoi s’agit-il et quel intérêt ?
Il est aujourd’hui nécessaire de partir d’une vision écosystémique afin de mettre sur pied des bases de données validées sur la dynamique des écosystèmes naturels ou cultivés. Ces données issues de protocoles rigoureux communs à tous les observateurs du réseau et constants dans le temps (observations, prélèvements, méthodes d’analyses…), permettent le développement en aval de plateformes pluridisciplinaires facilitatrices quant à l’accès aux données et aux outils.

Les bases de données mises sur pied peuvent être exploitées par des acteurs variés, disposant de leur propre expertise (concepts, méthodes, outils de type modèles et simulateurs) pour calculer des flux, des bilans à des pas de temps variés, extrapoler au spatial et identifier les dynamique temporelles. L’interprétation est « libre », attestant de l’activité de recherche des unités qui bénéficient d’informations de base optimisées et fiables. Des unités de stockage (pédothèques par exemple) d’échantillons (animaux, végétaux, sols, gaz, solutions) permettent de répertorier caractéristiques de provenance, localisation, date et méthode de prélèvement, etc. Les échantillons, conservés dans des conditions ad hoc, permettent le cas échéant d’obtenir a posteriori des informations complémentaires, en fonction de matériels ou connaissances nouvelles. Les données relatives aux mesures, essais, analyses de tous ordres sont stockées et doivent être accessibles afin de les intégrer dans des études complémentaires ou utilisées dans des travaux à caractère générique plus larges.

Ce sont probablement les crises environnementales qui ont fait le plus pour prendre conscience du phénomène (pollution transfrontalière, énergie, climat). Si la connaissance de l’évolution à moyen terme est la règle, il est clair, que court, moyen et long terme n’ont pas le même sens pour des cultures annuelles, des prairies ou des forêts. Pour tous les systèmes agricoles et forestiers, le long terme permet de saisir des dérives significatives qui pourront être reliées à des facteurs divers externes ou internes.

Quels problèmes pour la survie des observatoires ?
Les contraintes de la recherche font que suivre des dispositifs de longue durée sans en modifier les protocoles est apparu en dehors de son ressort, dès lors les projets dépassent rarement 5 années…On demande au chercheur réactivité et innovation, concepts apparemment antinomiques avec celui du suivi « routinier » pour la création d’une base de données environnementales. Comment satisfaire aux critères d’évaluation des Chercheurs, jeunes en particulier ?
Outre l’aspect temporel, le domaine spatial pose des problèmes majeurs d’intégration. Les expérimentations locales agronomiques ou forestières, sur des parcelles unitaires de faible taille réalisées en zone homogènes montrent bien les limites de ces dispositifs pour répondre aux questions environnementales (biodiversité, eaux, atmosphère…). De nombreuses questions se posent notamment sur le maillage systématique à l’échelles d’un territoire. Des avancées ont été faites dans des projets tels que les PIREN dès les années 80 (exemple PIREN Seine) ou dans les réseaux de petits bassins versants de recherche. Les plateformes proposant des outils de traitement de données et des investigations complémentaires (écotron, données Lidar ou satellitaires), permettent d’aborder le couplage temporel et spatial entre cycles ainsi que le rapport avec la biodiversité.

Que proposer à l’Académie d’Agriculture de France ?

Nous proposons de faire le point sur la contribution à la connaissance des écosystèmes sur le long terme, au service de la recherche, de la société et de la décision politique…Il s’agit de répondre à la question : que ne saurions nous pas si ces observatoires ou essais n’existaient pas ?

Attention : respect des conditions sanitaires en vigueur (masque et QR code OBLIGATOIRES ou attestation d'un test négatif RT- PCR)

Exposé(s)
Les dispositifs nationaux de surveillance à long-terme de l’évolution des propriétés des sols de France. Objectifs, potentialités, complémentarités avec les expérimentations de longue durée
Dominique ARROUAYS
Antonio BISPO, Claudy JOLIVET, Nicolas P.A. SABY et Manuel P. MARTIN, Inrae Orléans, Unité InfoSol
Présentation et acquis du GIP Ecofor
Guy LANDMANN, GIP Ecofor Paris
Apport des expérimentations de longue durée pour la compréhension du fonctionnement des écosystèmes et de leur dynamique dans un contexte de changement global
André CHANZY, UMR INRAe/Avignon Université - Environnement Méditerranéen et Modélisation des Agro-Hydrosystèmes
Conclusion
(section 2, ex-PDG de l’Inra, actuel PDG d’Ifremer et Président de ALLIANCE ALLENVI)
Synthèse de la séance