Vous êtes ici

Jean-Baptiste Moreau, député "paysan" de la Creuse

13/09/2018

La loi agriculture et alimentation : une digue contre l’appauvrissement des filières agro-alimentaires

De juillet à décembre 2017, nous organisions les Etats Généraux de l’Agriculture et de l'alimentation (EGAlim), une démarche inédite. Pour la première fois nous avons mis l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire autour d’une même table pour construire ensemble la loi EGAlim qui est débattue cette semaine à l’Assemblée nationale : contributions de terrain, dialogue direct avec les producteurs, les associations, la grande distribution, les syndicats etc.

L’attente de chacun est immense aux vues des urgences qui occupent le monde agricole. Le revenu dérisoire des agriculteurs, les aléas climatiques (sécheresse, inondations) qui ruinent les récoltes, la précarité alimentaire, sont autant d’enjeux que nous avons saisis à bras le corps lors de ces derniers mois de travaux parlementaires. Je les connais pour être moi-même un paysan de métier, et un consommateur comme tous les Français.

Parce que l’urgence est bien présente, nous avons inscrit dans la loi des mesures fortes, concrètes, pour renverser les paradigmes et poser les jalons d’un nouveau monde agricole et alimentaire.

Ce que cette loi apporte, c’est un quotidien meilleur pour tous les acteurs de la chaîne alimentaire :

• Pour un agriculteur, un revenu digne. Le calcul du prix payé aux agriculteurs prendra en compte les coûts de production. Le contrat et le prix associé seront désormais proposés par celui qui vend, c’est une révolution pour rééquilibrer le rapport de force entre les producteurs et la filière. C’est grâce à cette mesure que nos paysans pourront véritablement valoriser leur travail face à la grande distribution.

• Pour une organisation de producteurs, un poids renforcé dans les négociations commerciales agricoles. La délégation à l’OP ou à l’AOP du mandat de facturation de leurs produits par des producteurs deviendra le droit commun. Unis, les producteurs seront plus forts pour peser dans les négociations.

• Pour la grande distribution, une responsabilité renforcée vis-à-vis de notre production locale. L’expérimentation du relèvement de 10% du seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions qui détruisent la valeur des produits agricoles et alimentaires aux yeux des consommateurs et dans la poche des producteurs. Il est temps de stopper la guerre des prix menée par les grandes enseignes !

• Pour nous consommateurs, une montée en gamme de notre alimentation.

L’obligation pour les cantines de proposer au moins 20% de produits issus de l’agriculture biologique parmi 50 % de produits sous signes officiels de qualité et locaux. La loi doit poser les bases d’un nouveau modèle alimentaire qui permette à tous de mieux manger.

Ce que je souhaite comme une agri-révolution, cela passera aussi par le renforcement des pouvoirs du médiateur des relations commerciales agricoles et de l’Autorité de la concurrence pour lutter contre les pratiques déloyales de la grande distribution et les alliances entre les centrales d’achat.

Cette loi posera des digues solides lors des prochaines négociations commerciales agricoles pour 2019. Les outils de transformation sont prêts. A chacun, de prendre ses responsabilités pour réussir notre transformation vers un modèle agricole et alimentaire plus juste et plus durable.