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Michel RIDÉ

Real name: 
Michel RIDÉ

Membres

Fonctions professionnelles

Directeur de recherches honoraire de l'Institut national de la recherche agronomique

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Date décès
06/03/2011
Éloge

Michel RIDÉ
(1923-2011)

Michel Ridé est décédé à Angers le 6 mars 2011 dans sa 87e année. Il était Correspondant de l’Académie d’Agriculture depuis 1992 et a participé à nombre de ses travaux
Michel Ridé a été recruté par l’INRA en 1949, à la Station centrale de Pathologie végétale du Centre national de recherche agronomique de Versailles. On lui confie rapidement l’étude du « Chancre suintant du peuplier », maladie présumée d’origine bactérienne, causant des pertes économiques sérieuses dans les peupleraies du Nord de la France et de l’Europe. Ce sujet est particulièrement complexe pour ce jeune universitaire de la Sorbonne devant s’affirmer dans un milieu scientifique de formation agronomique.
Il va d’abord parfaire sa formation en microbiologie à l’Institut Pasteur. Il en revient avec la rigueur de l’École pasteurienne qu’il va inculquer avec méthode et pédagogie à ses collaborateurs et à de nombreux stagiaires français et étrangers qui se succèderont dans son laboratoire.
Il réussit, par une méthode originale, à isoler et identifier la bactérie responsable du Chancre du Peuplier, mettant un terme aux échecs des tentatives réalisées avant lui. Ses observations et études expérimentales sur le terrain vont lui permettre, les années suivantes, d’expliquer les étapes du développement de la maladie. Ensuite, au cours de la seconde partie de sa carrière, il va, avant l’heure, développer une longue collaboration européenne en participant avec des généticiens belges, français, hollandais et italiens, à la sélection de clones de peuplier peu sensibles à la maladie. La plantation systématique de ces nouveaux clones va contribuer à ce que le chancre du peuplier ne soit plus un problème économique aujourd’hui.
Parallèlement, il conduit des recherches sur d’autres sujets dont il établit l’identification de la bactérie responsable, les phases de développement de la maladie et propose des moyens de protection en privilégiant les mesures prophylactiques et naturelles ; ces études concernent la « Graisse d’Artichaut » qui rendait les capitules atteints non commercialisables (1958-1965), la « Nécrose bactérienne de la vigne », responsable du dépérissement de ceps, principalement dans les Charentes (Cognac) et en Catalogne (1967-1980), la tumeur végétale ou « crown gall », à la fin de sa carrière, en relation avec une équipe mixte INRA-CNRS de Gif-sur-Yvette. Dans les années 70, il a parfaitement anticipé l’arrivée du Feu bactérien du poirier en France en confiant ce thème à une équipe de recherche, puis en participant activement à la campagne de sensibilisation qui conduira le Service de la protection des végétaux à mettre en place un système de surveillance de la progression de la maladie incluant l’élimination des plantes relai (aubépines, sorbiers…), y compris sur le réseau autoroutier du Nord !
Parallèlement à ses recherches, Michel Ridé, premier phytobactériologiste français à « plein temps », ne cesse d’œuvrer pour le développement de cette discipline. Dès les années 60, les nouveaux sujets de recherche émergent, d’abord sur les arbres fruitiers, mais aussi sur les plantes légumières et florales. Il obtient l’élargissement de son équipe qui comprend une dizaine de personnes après le recrutement de jeunes chercheurs et de nouveaux techniciens. La place devenant exiguë à Versailles, il obtient l’accord de la Direction de l’INRA pour créer une véritable Station de phytobactériologie décentralisée. La localisation d’Angers est retenue : la place est disponible pour la construction et la présence de la Station de recherches fruitières déjà sur place ouvre des perspectives de collaboration efficace. La construction du bâtiment est réalisée sans délai et presque toute l’équipe de phytobactériologie quittera Versailles pour rejoindre la nouvelle Station d’Angers le 1er janvier 1970.
Le rayonnement de cette nouvelle Station va dépasser les frontières avec l’accueil de plusieurs rencontres internationales dont la IVe Conférence internationale sur les bactéries phytopathogènes (27 août – 2 septembre 1978), réunissant, à l’École nationale des ingénieurs des travaux horticoles (ENITH) voisine, une centaine de chercheurs de tous les pays.
Parallèlement à ses fonctions de directeur de la Station de pathologie et de phytobactériologie, Michel Ridé assurera, dans les années 70, la responsabilité d’administrateur du Centre de recherche d’Angers dont il favorisera le développement avec l’installation de la Station d’agronomie et de l’unité Vigne et Vin ; il œuvrera également pour l’accueil de la Station nationale d’essais de semences (SNES) à Angers qui n’aboutira qu’en 1993, après son départ à la retraite.

Michel Ridé fait partie des pionniers qui ont construit l’INRA après la création de l’Institut, en 1946. Il restera comme le fondateur de l’École française de Phytobactériologie ayant œuvré inlassablement au développement de cette discipline scientifique et à son rayonnement national et international.

par Jean-Pierre Prunier
Ingénieur de recherche hors-classe de l’INRA
Premier et proche collaborateur de Michel Ridé