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Un monde, une santé. Un éclairage sur le rôle des plantes, de l’air, de l’eau et du sol

Paris, le 03 mai 2023

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Cet éclairage est apporté dans le rapport final du Groupe de travail « One Health, contributions de la santé des plantes, des sols, de l’eau, de l’air et de l’environnement » de l’Académie d’agriculture de France, daté d’avril 2023.

L’Académie d’agriculture de France est, en effet, au cœur des enjeux One Health (« Une seule santé » ou « Un monde, une santé », ou encore « Une seule santé pour un seul monde »), dans une vision qui place les humains, les animaux, les plantes et les écosystèmes dans un environnement biotique et abiotique partagé.

Le groupe de travail, mis en place début 2021, s’est intéressé à des aspects souvent méconnus du sujet « Une seule santé » : la santé des plantes et la prise en compte des principales composantes de notre environnement (air, eau, sol), incluant les communautés microbiennes associées.

Le rapport, dont la rédaction par les académiciens signataires a été coordonnée par leur consœur Arlette Laval, apporte un éclairage riche et original sur le rôle de l’environnement dans sa diversité mais ne prétend cependant pas couvrir l’ensemble des enjeux qui lient l’agriculture à l’approche systémique de la santé.

Il constitue, néanmoins, une pierre nouvelle pour la construction de cette vision systémique.

À l’origine, le concept d’ « Une seule santé » était une initiative ayant pour objectif le décloisonnement entre les disciplines scientifiques et les acteurs publics et privés de la santé humaine et animale. Au cours des dernières années, l’émergence de nouvelles épidémies et des craintes liées à la dégradation de l’environnement l’ont imposé et élargi. L’objectif final est désormais d’aller au-delà de la santé de l’Homme et des espèces animales domestiquées, en intégrant le rôle des composantes environnementales, sols, eau et air, la santé des plantes et des animaux sauvages, ainsi que l’importance des écosystèmes, ce qui implique d’élargir la réflexion au-delà des seules zoonoses. La prise de conscience de l’impact des activités humaines sur l’environnement rend impératif le besoin d’interagir au mieux avec la nature pour assurer la couverture des besoins alimentaires dans des conditions fournissant une qualité nutritionnelle, sanitaire et organoleptique satisfaisante.

Plusieurs notions importantes émergent de cette réflexion.

  • Au-delà des différentes causes d’origine anthropique qui contribuent à dégrader les compartiments du milieu et les populations vivantes associées, la conduite de l’agriculture et des élevages mérite d’être questionnée dans l’optique « Une seule santé ». Il importe donc de faire en sorte que l’organisation de l’espace, les pratiques agronomiques, vétérinaires et médicales n’aient pas de conséquences graves, voire quasi irréversibles, sur l’environnement. Par exemple, le choix des intrants sanitaires (santé des plantes, santé des élevages) ainsi que celui des ingrédients entrant dans la fabrication des produits alimentaires doivent être faits en fonction de leur impact scientifiquement évalué sur la santé humaine, animale et environnementale. Il est indispensable que cette évaluation soit conduite par des autorités publiques indépendantes, sur la base de protocoles conçus sur des bases scientifiques rigoureuses prenant en compte, dans l’espace et dans le temps, les risques d’intoxication chronique ou de pollution environnementale. Autre exemple : il faut se préoccuper de la prolifération incontrôlée des espèces envahissantes, dont certaines sont toxiques, voire hautement préjudiciables à la santé humaine et animale et au maintien de la biodiversité. Dans ces différents domaines, les dispositifs de contrôle doivent mobiliser des itinéraires sociotechniques compatibles avec l’objectif « Une seule santé ». Cependant, le risque d’intoxication chronique ou de pollution environnementale représenté par les seuls résidus résultant de l’usage des intrants sanitaires et des ingrédients alimentaires doit être évalué en comparaison avec celui que représente la prolifération peu contrôlable d’agents pathogènes aujourd’hui bien maîtrisés mais qui ne demandent qu’à resurgir.
  • Il convient également de se garder d’une vision illusoire selon laquelle la nature serait bonne par essence et qu’il faut s’interdire d’intervenir. La nature doit certes être préservée mais pour cela, une action humaine réfléchie est indispensable. Sans action humaine, laisser le champ libre aux autres espèces vivantes conduirait à de cruelles désillusions, en particulier dans le domaine des productions végétales et de l’équilibre environnemental.
  • Enfin, la maîtrise de la santé globale nécessite une grande vigilance. L’épidémiosurveillance est la clé de voûte du contrôle des épidémies, des épiphyties et des épizooties, pour détecter de nouvelles infections et dangers comme pour limiter leur extension. La mondialisation des échanges rend nécessaire la prévention de telles introductions et le maintien à disposition des moyens pour se protéger des dommages résultant de l’arrivée d’organismes à risques tels que des agents pathogènes, de leurs vecteurs éventuels, de ravageurs inconnus, etc. Cette protection hautement souhaitable doit être compatible avec l’amélioration qualitative des régimes alimentaires et la protection des ressources naturelles. Les exemples multiples donnés dans ce rapport en sont la parfaite illustration. Si le risque zéro n’existe pas, il est néanmoins possible d’exercer un contrôle effectif et de mettre en place des mesures préventives efficaces.

Des avancées fondamentales pour la maîtrise de la santé humaine ont été accomplies dans nos régions : accès de tous à l’eau potable, développement des méthodes de collecte et de traitement des déchets, mise en place de procédures de contrôle des denrées alimentaires à tous les stades de la production et de la commercialisation, etc. La formation et l’information en constituent des conditions et des garanties essentielles. Dans cette perspective, les protocoles de contrôle et d’intervention doivent être régulièrement évalués et améliorés. Et en matière de santé comme dans de nombreux domaines, il faut établir, en préalable à toute décision, un bilan risque-bénéfice s’inscrivant dans le cadre de l’intérêt collectif qui est celui du concept « Une seule santé ». L’identification et la prévention des risques constituent ensuite l’outil incontournable de mise en œuvre de l’objectif « Une seule santé ».

Les avancées réalisées mettent en évidence la nécessité de ne pas hiérarchiser l’importance des diverses facettes de la santé, mais au contraire de les considérer comme équivalentes du fait de leur interdépendance. Rien n’est cependant figé, et l’expérience récente de la Covid-19 nous montre que des événements imprévus majeurs peuvent à tout moment changer la donne.

Deux mots d’ordre sont, en conclusion, mis en exergue dans le rapport final du Groupe de travail « One Health, contributions de la santé des plantes, des sols, de l’eau, de l’air et de l’environnement » de l’Académie d’agriculture de France : « VIGILANCE et REACTIVITE ».

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Pour lire le rapport du groupe de travail de l'Académie d'agriculture de France intitulé : « Un monde, une santé (#Onehealth). Un éclairage sur le rôle des plantes, de l’air, de l’eau et du sol », cliquer ici : https://www.academie-agriculture.fr/publications/publications-academie/avis

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