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N°80 - Jan 2023

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01/2023

Le Mensuel

N°80 / Janvier 2023

À LA UNE

Anna Samoyloya - Unsplash

Le statut juridique des animaux en France : quelles évolutions possibles ?

Des êtres doués de sensibilité

Un grand écart s’est creusé depuis l’après-guerre dans les conditions animales, entre l’animal de rente, longtemps invisible mais dont l’élevage et la mise à mort suscitent désormais des controverses au sein de la société, et l’animal de compagnie, véritable membre de la cellule familiale.

Le débat sociétal autour de l’utilisation des animaux, conjugué à l’accroissement des connaissances scientifiques sur leurs capacités cognitives et leur sensibilité, a conduit en 2015 le législateur français à introduire l’article 515-14 dans le Code civil : « Les animaux sont des êtres doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens ». L’introduction dans le Code civil de cet article permet une harmonisation avec le Code rural et le Traité de fonctionnement de l’Union européenne (respectivement, L214 et article 13) qui définissaient déjà l’animal comme sensible.

Le statut des animaux et la légitimité de l’élevage

Depuis, plusieurs juristes universitaires s’interrogent sur une meilleure identification du statut des animaux dans le droit français. Certains suggèrent même de supprimer les liens de propriété associés au statut de biens pour offrir aux animaux une personnalité juridique et leur reconnaître des droits. Cette suppression qui s’oppose à la « summa divisio » correspondant à la séparation juridique radicale entre les personnes et les choses, ancrée dans notre histoire morale et politique, mettrait en cause la légitimité de l’élevage.

En raison de l’importance de cette question, l’Académie d’agriculture de France a organisé le 16 novembre 2022 une séance publique reprenant les réflexions d’un de ses groupes de travail autour d’une possible évolution du statut juridique des animaux et des conséquences pour l’élevage.

Michel Rieu, expert en économie rurale, a présenté les multiples légitimités de l’élevage, comme source de nutrition humaine avant tout mais aussi pour le maintien de la biodiversité et la nécessité de gérer les sols, les espaces et les paysages. Il a rappelé que le respect du bien-être des animaux est une composante déclarée de la durabilité de l’élevage, notamment dans le cadre agroécologique.

Légitimités et normativités s’affrontent et sont sources de l’évolution de la légalité, en particulier via les jurisprudences. Carole Hernandez Zakine, juriste, a rappelé que la construction du droit nécessite de sortir de l’émotion. Elle a montré que le statut de bien appropriable qui définit actuellement les animaux domestiques, leur confère déjà de nombreuses protections via les différents codes juridiques.

Huit scénarios d’évolution du droit des animaux

Gérard Maisse, spécialiste halieutique et élevage, a ensuite présenté huit scénarios d’évolution du droit des animaux, identifiés par le groupe de travail à partir notamment d’auditions de juristes. Pour chacun des scénarios, il a résumé les conséquences sur l’élevage. Certains scénarios plus ou moins compatibles avec l’élevage restent à approfondir : c’est le cas des scénarios « statut quo », « biens animaux » et « biens vivants ».

Bertrand Hervieu, sociologue, a été sollicité pour apporter un regard extérieur sur les réflexions du groupe de travail. Il a alors insisté sur la nécessité de clarifier les attendus d’une éventuelle évolution de la situation juridique des animaux et d’en envisager l’ensemble des conséquences avant de prôner toute évolution.

Marie-Françoise Le Guyader et Alain Boissy, membres de l’Académie d’agriculture de France, animateurs du groupe de travail sur « le statut juridique des animaux »

> Revivre la séance hebdomadaire : Le statut juridique des animaux en France

Photo (A. Boissy) : Pâturage autour du Puy-de-Dôme

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The legal status of animals in France: what developments are possible?

Sentient beings

Since the post-war period, there has been a great divide in animal conditions, between the livestock animal, which has long been invisible but whose breeding and slaughtering have become controversial in the society, and the pet animal, a true member of the family unit.

The societal debate around the use of animals, combined with the increase in scientific knowledge about their cognitive capacities and sentience, led the French legislator in 2015 to introduce Article 515-14 into the Civil Code: "Animals are sentient beings. Subject to the laws that protect them, animals are subject to the regime of property". The introduction of that item in the Civil Code enables harmonisation with the Rural Code and the Treaty on the Functioning of the European Union (L214 and Article 13 respectively), which already defined the animal as sentient.

The status of animals and the legitimacy of breeding

Since then, several legal academics have been questioning whether the status of animals in French law should be better identified. Some have even suggested that the property ties associated with the status of property should be removed in order to give animals a legal personality and recognise their rights. This suppression, which is opposed to the "summa divisio", a radical legal separation between persons and things, rooted in our moral and political history, would call into question the legitimacy of livestock farming.

Because of the importance of this issue, the French Academy of Agriculture organised a public session on 16 November 2022 to discuss the reflections of one of its working groups on the possible evolution of the legal status of animals and the consequences for animal husbandry.

Michel Rieu, an expert in rural economics, presented the multiple legitimacy of livestock farming, first and foremost as a source of human nutrition, but also for maintaining biodiversity and the need to manage soils, spaces and landscapes. He recalled that respect for animal welfare is a component of the sustainability of livestock farming, particularly in the agro-ecological framework.

Legitimities and normativities clash and are the source of the evolution of legality, in particular through jurisprudence. Carole Hernandez Zakine, a lawyer, reminded the audience that the construction of law requires us to move beyond emotion. She showed that the status of appropriable property that currently defines domestic animals gives already them numerous protections via the various legal codes.

Eight scenarios for the evolution of animal law

Gérard Maisse, a specialist in fisheries and animal husbandry, then presented the eight scenarios for the development of animal law, identified by the working group on the basis of hearings with legal experts. For each scenario, he summarised the consequences for livestock farming. Some scenarios that are more or less compatible with livestock farming remain to be studied in greater depth: this is the case for the "status quo", "animal goods" and "living goods" scenarios.

Bertrand Hervieu, a sociologist, was asked to provide an outside perspective on the working group's reflections. He stressed the need to clarify the expectations of a possible change in the legal situation of animals and to consider all the consequences before advocating any change.

Marie-Françoise Le Guyader and Alain Boissy, members of the French Academy of Agriculture, leaders of the working group on the legal status of animals

> Review the session: The legal status of animals in France

TÉMOIGNAGE

Anna Samoyloya - Unsplash

Disparition de Philippe Tillous-Borde

Un grand homme ayant mis son énergie au service de l’économie agricole et rurale disparaît. À l’annonce de son décès, déluge de témoignages unanimes des consœurs et confrères de l’Académie d’agriculture de France qui ont connu Philippe Tillous-Borde.

Ce grand Monsieur a marqué l’histoire de la filière des oléagineux et du groupe SOFIPROTEOL/AVRIL qu’il a contribué à fonder aux côtés du président Jean-Claude Sabin et qu’il a dirigé de 1983 à 2012.

Philippe Tillous-Borde était un homme inspirant et exigeant, engagé et visionnaire, qui a œuvré sans relâche, pendant plus de trois décennies, au développement de la filière des huiles et protéines végétales, de la souveraineté de l’agriculture française et de ses outils de transformations, tant alimentaires que non alimentaires.

Président jusqu’en 2021 de la Fondation AVRIL, dont il était l’initiateur, il menait encore récemment des travaux sur l’approvisionnement en protéines végétales de l’Afrique. C’est avec lui que l’Académie d’agriculture de France et la Fondation AVRIL ont créé le prix « Make IT Agri » qui s’adresse aux élèves ingénieurs des grandes écoles pour le développement des nouvelles technologies au service de l’agriculture et de l’alimentation durables.

En reconnaissance de son engagement pour l’agriculture et ses producteurs et de sa remarquable carrière, l’Académie d’agriculture de France lui avait remis la médaille d’or en 2016.

LES PRÉCÉDENTES SÉANCES

DE L’ACADÉMIE

Les séances de l'Académie d’agriculture de France sont désormais diffusées, en direct puis en différé, sur sa chaîne YouTube, à laquelle il est conseillé, à cette occasion, de s'abonner.

Accéder à la chaîne > ici

Présentation des résultats du recensement agricole 2020

7 décembre 2022

Le recensement agricole est une opération décennale européenne et obligatoire. Il a pour objectif d’actualiser les données sur l’agriculture française et de mesurer son poids dans l’agriculture européenne. Ces données permettent également de définir et d’ajuster des politiques publiques au niveau national et local.

Lors de la conclusion, Bertrand Hervieu a fait le constat que moins il y a de chefs d’exploitation, plus les itinéraires sont divers et complexes. On s’éloigne en profondeur du modèle de l’exploitation familiale de polyculture-élevage.

Comment repenser des politiques publiques face à un tel kaléidoscope avec une multiplication des missions imparties à l’agriculture ?

> Revivre la séance

Logo du recensement agricole 2020 – Agreste – ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

LES PROCHAINES SÉANCES

DE L’ACADÉMIE

L’Académie d’agriculture de France organise à nouveau ses séances en présentiel dans ses locaux, dans le strict respect des mesures sanitaires de prévention contre la Covid-19.

Programme complet des séances > ici

Les séances sont également désormais diffusées en direct sur la chaîne YouTube de la Compagnie > ici

Capture et séquestration de CO2 par les agriculteurs – Peut-on et comment les contractualiser, les rétribuer ?

11 janvier 2023

Pour fixer le carbone dans les sols, comment passer des connaissances scientifiques et techniques à des pratiques agronomiques développées par les agriculteurs?

Les économistes proposent d’introduire un prix du CO2 comme indicateur d’efficacité des efforts de chacun et de la société.

Cette séance doit aider les politiques actuelles ou futures, françaises ou européennes, par l’accroissement des incitations pour la capture et le stockage du carbone par l’agriculture, en permettant l’utilisation de financements privés.

> En savoir plus sur la séance et y assister en présentiel ou en distanciel

Photo (JA MAG – Jeunes agriculteurs) : Mesure de l’efficacité des pratiques agricoles sur la séquestration du carbone dans les sols

Pourquoi et comment améliorer l’efficience d’utilisation des ressources nutritionnelles du sol par les cultures

18 janvier 2023

L’efficience nutritionnelle des plantes est recherchée pour utiliser aux mieux les engrais et s’adapter aux contraintes du sol. Les points de vue des « agronomes », des « biologistes » et des « améliorateurs » seront présentés. La variabilité et l’amélioration génétiques sont un des enjeux majeurs pour adapter l’architecture racinaire aux contraintes nutritionnelles du sol et pour améliorer l’efficacité d’utilisation de l’azote.

> En savoir plus sur la séance et y assister en présentiel ou en distanciel

Photo (Advanta) : Mesure des dynamiques racinaires du maïs

Biodiversité/Économie de terre et partage des terres. Land sharing - Land sparing

25 janvier 2023

Faut-il concentrer l’agriculture sur des terres et des cultures intensives pour conserver ailleurs plus d’espaces naturels riches en biodiversité (land sparing) ?Ou bien privilégier une agriculture plus diversifiée mais à plus faible rendement, c’est-à-dire plus extensive et donc moins économe en espaces naturels (and sharing) ?

Ce sujet fait l’objet de débats autour des notions de biodiversité, d’agriculture intensive et d’agroécologie.

> En savoir prochainement plus sur la séance et y assister en présentiel ou en distanciel

Photo (Age of Awareness) : Moutons en agroforesterie

UN COLLOQUE DE L'ACADÉMIE À NE SURTOUT PAS RATER !

Colloque « Etat de l’agriculture - quels risques de pénurie alimentaire face aux crises ? Pandémie, guerre en Ukraine, aléas climatiques… »

8 février 2023

Ce colloque est consacré aux faits marquants de l’actualité qui impactent notre agriculture et toute notre économie.

Il est en effet essentiel d’apporter les éclairages nécessaires pour faire face aux nombreuses difficulté de coûts et d’approvisionnements.

Au cours de la matinée, des experts interviendront sur les différents risques actuels, en particulier de pénurie alimentaire.

Au cours de l’après-midi, deux tables rondes auront pour thème « Agricultures Europe et Maghreb : destins liés ? » et « Farm to Fork : une stratégie à repenser ».

Un colloque important dont il faut retenir la date dès maintenant.

> En savoir plus sur ce colloque et y participer en présentiel ou en distanciel

Photo : Promarbulk

LES AUTRES ACTIVITÉS DE L'ACADÉMIE

Colloque « Pasteur bienfaiteur de l’agriculture et de l’alimentation »

14 décembre 2022

« Les contributions de Pasteur à l’agriculture et à l’alimentation ont été multiples. L’élucidation des mécanismes de la fermentation a entraîné des conséquences majeures sur l’industrie agro-alimentaire. La mise en évidence du rôle des microorganismes dans la putréfaction a marqué le début de la microbiologie des sols. Sa contribution à la démonstration du rôle des micro-organismes dans les maladies contagieuses a notamment entraîné le développement de l’hygiène dans tous les secteurs, y compris l’élevage. L’invention des vaccins a permis la protection du bétail contre les maladies contagieuses. Et enfin, il a jeté les bases de la lutte biologique contre les nuisibles. »

Au cours de ce colloque, onze spécialistes ont retracé les principales étapes de la carrière de ce grand scientifique.

> Revivre ce colloque exceptionnel

Photo (La France à l’Unesco) : Louis Pasteur

Focus sur la chaîne vidéo de l’Académie

Toutes les séances de l’Académie sont diffusées en direct sur la chaîne YouTube de l’Académie. Elles sont gratuites et sans inscription.

Vous avez raté une séance, un colloque ou une intervention dans le cadre de l’Académie ?

Aujourd’hui, vous pouvez la visionner au moment où vous êtes disponible. De plus, vous pouvez faire connaître cette vidéo aux personnes concernées le thème des interventions et des débats.

Depuis octobre 2016, plus de 81 578 vues ont été enregistrées et 1.733 personnes sont abonnées à la chaîne YouTube de l’Académie (riche de 305 vidéos).

> S'abonner gratuitement à la chaîne

L'ACTUALITÉ DES PARTENAIRES DE L'ACADÉMIE

L’Académie d’agriculture de France recense et valorise sur son site Internet l'actualité que ses partenaires lui communiquent > ici

Repérés ce mois :

- « Le rôle sociétal de l’élevage » - déclaration de scientifiques en congrès à Dublin – octobre 2022

- « La fresque du bien-être animal » - lancement lors du forum Open Agrifood – 29 novembre 2022

- Bulletin du blog de veille du Centre d’études et de prospective du ministère – décembre 2022

- Synthèse de la Commission des comptes de l’agriculture – 15 décembre 2022

- « Pacte Loi d’orientation des comptes de l’agriculture de la nation » – décembre 2022

- « Je filme le métier qui me plaît » - limite des inscriptions à ce concours : 17 janvier 2023

- Feuille de route « Forêt de la planification écologique » - communiqué décembre 2022

- « Les robots font leur show en plein champ » - Toulouse du 7 au 9 février 2023

> Lire et approfondir toutes ces actualités

ANALYSES DE THÈSE DE JEUNES CHERCHEURS

Vous venez de passer votre thèse, manifestez-vous ! Vous pourrez alors candidater pour une médaille d’argent. Contactez, pour ce faire : Anne-Marie Hattenberger (am.hattenberger.alfort@wanadoo.fr)

> En savoir plus sur les thèses

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Thèse de Pauline Pedehour : « Outils d’aide à la décision pour la répartition de la ressource en eau en région Pays de la Loire »

Thèse analysée par Paola Grossi, membre correspondant associé de l’Académie d’agriculture de France

Directeur de thèse : Thomas Vallée, professeur des universités, Nantes Université (IAE)

Co-directeur de thèse : Lionel Richefort, maître de conférences, Nantes Université (IAE)

DIFFUSION DES CONNAISSANCES

LES AVIS, RAPPORTS, POINTS DE VUE D'ACADÉMICIENS ET NOTES ACADÉMIQUES

Les Avis, Rapports, Points de vue d'Académiciens et Notes académiques sont les synthèses de travaux collectifs de groupes de travail issus de l’Académie d'agriculture de France ou communs à plusieurs Académies.

> Accéder aux Avis et Rapports

> Accéder aux Points de vue d'Académiciens

> Accéder aux Notes académiques

DIFFUSION DES CONNAISSANCES

LES ARTICLES

Des articles portent sur des sujets très précis dans les domaines d'activités de l'Académie d'agriculture de France. Ils sont rédigés par des académiciens en leur nom propre.

Vous trouverez l'intégralité de ces articles > En cliquant ici

Voici, ci-après, la présentation d'articles récents :

En Afrique, les problèmes de l’agriculture sont 30% dans les champs et 70% en dehors des champs

Le potentiel agricole de l’Afrique est enviable avec ses terres arables non exploitées, ses ressources en eau, sa grande diversité agroécologique, sa population jeune et mobilisable.

Mais l’objectif ODDE « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable » ne sera pas atteint en 2030 selon Papa Abdoulaye Seck, ancien ministre de l’Agriculture du Sénégal et ambassadeur à Rome auprès de la FAO.

Dans cet article, il analyse les limites des politiques agricoles des pays africains. Il pose également huit repères pour une « nouvelle civilisation agricole ». Il s’agit principalement de prendre en compte les réalités du terrain, de mettre en place les infrastructures de base pour les transports et les accès aux marchés et de bâtir une économie décentralisée. Celle-ci implique l’engagement de tous les acteurs pour définir les priorités, les prises de décisions et l’évaluation des impacts.

Article de Papa Abdoulaye Seck, membre de l’Académie d’agriculture de France, paru dans Africapresse – novembre 2022

Déclin des insectes : vraies raisons et solutions potentielles

Oui, les spécialistes constatent un déclin de certaines espèces indicatrices de biodiversité au niveau des insectes. Et pour nombre de médias et généralement pour le grand public, la cause est entendue. Les responsables sont, comme leur nom l’indique, les insecticides !

André Fougeroux rappelle les progrès importants réalisés dans ce domaine : réduction des quantités à l’hectare, applications plus localisées, diminution de la toxicité des matières actives utilisées.

Par ailleurs, il énumère toutes les raisons du déclin des insectes : en quelques dizaines d’années, disparition de plus de 4,4 millions d’hectares de prairies permanentes, de 700 000 km de haies, diminution et fragmentation des surfaces agricoles, pollution lumineuse.

La sobriété lumineuse, l’arrêt de l’artificialisation des sols font donc partie des solutions. En agriculture, André Fougeroux trace des perspectives qu’il décrit dans son livre « Insecticides, insectifuges ? Enjeux du XXIe siècle » (Voir chapitre Ouvrages présentés par l’Académie). L’avenir est peut-être dans la mise au point de nouveaux insectifuges.

Article d'André Fougeroux, membre de l’Académie d’agriculture de France, paru dans Phytoma – novembre 2022

Dynamique agricole : quelles compétences ?

Un groupe de travail d’AgriDées intitulé « Construction des compétences et dynamique agricole » s’est réuni de septembre 2021 à mai 2022.

Cette synthèse des travaux analyse les évolutions des entreprises agricoles qui doivent répondre à la fois aux demandes sociétales et aux injonctions des politiques publiques. Elles doivent également relever le défi du renouvellement des générations.

Pour la réussite de tous les acteurs dans cette « course d’obstacle », les auteurs proposent des révisions systématiques des savoirs, l’accélération de la formation aux enjeux climatiques, la promotion de l’attractivité des métiers.

La dynamique agricole est portée par la volonté de ses principaux acteurs économiques et territoriaux, d’apporter une réponse positive aux différentes transitions qui s’imposent : climatique, alimentaire, énergétique souvent interconnectées et qui nécessitent des évolutions globales.

Ainsi, face à ces enjeux complexes, la formation et l’amélioration des compétences sont essentielles.

Article de Bernard Valluis et de Yves Le Morvan, membre de l’Académie d’agriculture de France, Note Bleue – AgriDées – octobre 2022

DIFFUSION DES CONNAISSANCES

L'ENCYCLOPÉDIE

L’encyclopédie présente des fiches techniques synthétiques traitant d’un sujet.

Elles prennent trois formes : les fiches "Questions sur…" qui développent un sujet complet sur 4 pages, les fiches pédagogiques "Repères", basées sur des chiffres et, enfin, un ensemble de "courtes vidéos" .

Pour en savoir plus sur les grands thèmes et l'ensemble des fiches et vidéos, consulter la table des matières de l'Encyclopédie > ici

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Chapitre des morphologies agraires dans le monde

La morphologie agraire est aujourd’hui mieux connue et corrélée à de multiples disciplines. Elle est également plus que jamais nécessaire dans les mutations que connaissent des régions sensibles comme l’Amazonie, le Congo, l’Indonésie…

Voici deux exemples de fiches :

Le plus ancien remembrement parcellaire français : Rouvres-en-Plaine

Les raisons des remembrements sont multiples et ont évolué au fil du temps. Le cas le plus ancien connu est celui d’une commune à 12 kilomètres de Dijon.

Ne pouvant plus payer en impôt, les habitants s’engagèrent à donner une part de leur terre en échange, en une seule pièce. Ils voulaient également améliorer l’écoulement des eaux, remettre en culture des terres délaissées, construire une grange pour la dîme…

Pour cela, il fallait « mettre en pièces » le territoire, avant de le remembrer. Le Conseil du Roi approuva cette opération en 1701. C’est le premier exemple connu de remembrement parcellaire moderne en France.

Fiche « Questions sur… » N° 13.04. Q02, par Gérard Chouquer, membre de l’Académie d’agriculture de France

Photo (Améthyste-Ektablog) : Rouvres-en-Plaine

L’estimation des superficies concernées par les concessions massives de terre dans les pays pauvres

Les achats massifs de terre dans les pays pauvres ont parfois fait scandale. C’est surtout le cas en Afrique, à Madagascar, en Asie, en Amérique latine… Les acheteurs peuvent être d’autres pays, des sociétés étrangères… pour de grands projets agricoles, agro-industriels ou forestiers. La FAO avait ainsi évoqué un « néocolonialisme agraire ».

Dans cette fiche, l’auteur présente des cas concrets à Madagascar, au Mali, en Sierra Leone. Il explique qu’il y a souvent confusion entre différentes informations et que pour connaître la réalité des concessions ou acquisitions, une méthodologie rigoureuse doit être utilisée.

Fiche « Questions sur… » N° 13.10. Q01, par Gérard Chouquer, membre de l’Académie d’agriculture de France

Photo (Wikimédia Commons – Bernard Gagnon) : A Madagascar, souvent les terres héritées n’ont pas de titres de propriété écrits

LES OUVRAGES PRÉSENTÉS PAR L'ACADÉMIE

Vous avez apprécié un ouvrage. Pour qu’il puisse paraître dans ce chapitre,
contactez : Philippe Kim-Bonbled (philippe.kim-bonbled@academie-agriculture.fr) et Christine Ledoux (christine.ledoux@academie-agriculture.fr)

Les ouvrages présentés sur le site Internet de l’Académie d'agriculture de France ont été lus très attentivement par un Académicien. Vous disposez ainsi d'une présentation, qui vous permettra de mieux appréhender son contenu et connaître tout ce qu'il peut vous apporter.

> Lire les présentations d'ouvrages

Chimique, vous osez dire chimique ?

La chimie est devenue un objet de craintes alors qu’elle a permis depuis deux siècles une formidable amélioration de la vie humaine.

L’auteur, chimiste de renom et spécialiste de chimie thérapeutique, analyse quelques exemples concrets pour réfléchir à la place de la chimie (agriculture, médicaments, vie quotidienne).

Ce livre, facile à lire, veut montrer combien l’usage des produits chimiques doit être contrôlé et raisonné selon une bonne appréciation de la balance bénéfice-risque pour la santé publique.

Il est important de fortifier la recherche en chimie pour inventer constamment de nouveaux produits, plus performants, respectueux de la chimie verte.

CNRS Editions

Nourrir – Quand la démocratie alimentaire passe à table

Aujourd’hui, 820 millions de personnes sont en situation de famine et 2 milliards en sous- ou malnutrition. Le principe de sécurité alimentaire adopté en 1996 lors du Sommet mondial de l’alimentation reste une promesse illusoire.

Devant cet échec, l’auteur, spécialiste de droit à l’alimentation, avance un certain nombre de propositions pour une vraie démocratie alimentaire à l’échelle de la planète, des États et des territoires.

Dans son ouvrage, il décrit les désordres alimentaires mondiaux, affirme l’urgence d’une relocalisation, pose les conditions d’une démocratie alimentaire associant les citoyens aux prises de décision.

Ainsi, le territoire devient un bien commun dont la gouvernance doit être partagée.

Edition : Les liens qui libérent

Petit traité d’écologie opérationnelle – De l’idéalisation à l’action

L’écologie est d’abord une science de la vie. La nature n’est pas bonne par essence et ne doit pas être idéalisée. Elle n’est pas non plus figée et il faut passer d’une vision contemplative à une représentation dynamique.

Les auteurs de ce traité fondent leurs espoirs sur la technologie et la science : des actions peuvent améliorer l’état actuel de nos environnements.

Le rôle des ingénieurs est difficile. En effet, il faut articuler ingénierie et science et la cohérence n’est jamais définitivement acquise. Exigences de la société, apparitions d’innovations, avancées de la connaissance la remettent en cause perpétuellement.

Heureusement, pour l’ensemble de problèmes actuels (énergie, transport…), de nombreuses solutions concrètes existent, sont décrites et peuvent devenir opérationnelles.

Editions : L’Harmattan

La joie de manger

Autrefois, manger était en priorité source de plaisirs et de satisfactions. Mais aujourd’hui, cet acte est porteur d’interrogations, d’inquiétudes sur la nature, la composition et l’origine de nos aliments.

Il faut donc retrouver « La joie de manger » ! Manger et boire doivent être synonymes de bien-être.

Ce livre aborde nos pratiques alimentaires en lien avec les relations sociales, la santé, l’environnement, l’éthique, la morale et la spiritualité. L’auteur est médecin, chercheur nutritionniste, humaniste, religieux et membre de l’Académie d’agriculture de France.

Ce live est à lui seul une cure de jouvence. Il est très agréable à lire et est destiné à un très large public.

Les éditions du cerf

Forêts, des racines et des hommes

L’auteur, écologue et forestier, nous décrit la forêt dans son histoire, dans sa géographie, dans son écologie, dans sa gestion, dans ses richesses et ses trésors, dans ses faiblesses et limites. Il nous fait également entrer dans un monde complexe, un monde végétal, un monde animal… et un monde humain.

Le changement climatique est aussi au cœur du livre : « C’est 9 000 ans de stabilité climatique qui viennent de se terminer sous nos yeux à la fin du XXe siècle ». Mais « nos forêts ne vont pas disparaître, elles vont radicalement changer ».

C’est un beau livre. Le texte est simple, l’écriture légère et agréable, les illustrations sont de grande qualité et leurs légendes sont de très utiles points d’informations complémentaires. La lecture de cet ouvrage fera plaisir à tous ceux qui aiment la forêt.

Editions : Delachaux et Niestlé

Écotoxicologie

Dans le domaine de l’écotoxicologie, les connaissances évoluent rapidement.

L’intérêt de cet ouvrage est de faire un tour d’horizon complet sur la contamination des écosystèmes, les mécanismes d’accumulation des contaminants et leurs effets sur les organismes vivants. Il actualise les méthodes utilisées pour mesurer la toxicité des polluants et les procédures réglementaires de protection de l’environnement. Il comporte aussi un chapitre sur les nanomatériaux, les micro plastiques et les perturbateurs endocriniens.

Cet ouvrage a le mérite d’être agréable, avec une iconographie bien choisie et de nombreuses références bibliographiques. Les auteurs destinent ce livre aux étudiants de licence, de master et d’écoles d’ingénieurs. Il sera également utile aux chercheurs confirmés qui ont besoin de données mises à jour.

Editions : Dunod

Insecticides, insectifuges ? – Enjeux du XXIe siècle

Ce livre traite de la cohabitation entre insectes et humains hier, aujourd’hui et dans les années à venir. On y puisera d’abord de nombreuses connaissances sur les insectes, sur leurs grandes capacités d’adaptation, de dissémination et de colonisation. 600 000 espèces d’insectes sont phytophages, et représentent autant de dangers pour notre garde-manger végétal !

Mais les insectes sont aussi nos amis et 35 % de l’alimentation humaine mondiale dépendent de l’activité des insectes pollinisateurs.

L’avenir est peut-être dans la mise au point de nouveaux insectifuges : l’idée de faire fuir les insectes n’est pas nouvelle. Ce qui est nouveau, c’est la manière de le faire et l’univers des possibles semble immense.

Editions : Presses des Mines

Les raisins de Pierre-Joseph Redouté : des aquarelles pour l’avenir de la vigne

Au début du XIXe siècle, le ministre Jean-Antoine Chaptal réunit l’ensemble des cépages français dans une collection au Jardin du Luxembourg. Pierre-Joseph Redouté est chargé de représenter tous ces cépages.

Grâce à l’Académie d’agriculture de France, quatre-vingt-trois aquarelles de variétés de vignes sont publiées pour la première fois. Elles ont une valeur patrimoniale inestimable. L’ouvrage réalisé a obtenu une reconnaissance internationale avec le prix de l’OIV 2022 (Organisation internationale de la vigne et du vin).

Cette exposition va aujourd’hui à la rencontre de nouveaux publics, en particulier dans les différents terroirs viticoles en lien avec l’action territoriale de l’Académie.

Editions : Paulsen

EN DÉBAT...

Peut-on songer à rémunérer les agriculteurs pour leur contribution à la réduction des émissions de GES ?

Grâce aux cultures végétales, le carbone peut être stocké hors de l’atmosphère sous forme de matière organique dans les sols. Peut-on y intéresser financièrement les agriculteurs ?

Dans cette hypothèse, l’auteur a examiné l’efficacité des différentes techniques culturales. Mais finalement, la matière organique se minéralise, ce qui émet du CO2. Par ailleurs, les techniques doivent être accessibles par les agriculteurs et prouver leur intérêt économique.

La mise en œuvre de ces techniques impliquerait également que les agriculteurs modifient en profondeur l’ensemble de leurs systèmes de production. Aussi, pour l’auteur, cette idée de rémunérer les agriculteurs sur leur contribution à la réduction des CES ne semble pas très réaliste.

Article de LIBRE EXPRESSION de Jean-Marc Boussard, membre de l’Académie d’agriculture de France, daté du 12 décembre 2022

> Lire l'article

LES SERVICES DE L’ACADÉMIE

Le fonds documentaire de l’Académie

Le fonds documentaire de l’Académie est riche de près de 40 000 ouvrages complétés par les archives manuscrites de nombreux académiciens. Il rassemble la totalité des publications de la Société Royale d’Agriculture depuis 1761, puis de l’Académie après 1915 : périodiques (mémoires, bulletins, comptes rendus) et ouvrages édités par la Compagnie.

S’y ajoutent 2 997 périodiques anciens reliés :

- Annales de l’Agriculture de l’an VI à 1873 (complet)

- Journal d’Agriculture pratique de 1837 à sa disparition en 1938

- Journal de l’Agriculture de 1866 à 1909

Un fonds ancien constitué d’environ 15 300 titres reliés depuis 1512 jusqu’à 1960 et de 10 000 brochures et documents classés par matière (du XIXe et XXe siècles essentiellement).

Un fonds moderne (livres entrés depuis 1960) représentant environ 9 000 volumes.

Les principales collections font l’objet de numérisation grâce à un partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BnF). Elles sont consultables en ligne et permettent une recherche par reconnaissance des caractères.

Enfin depuis 4 ans, les titres disponibles et consultables sur rendez-vous à la bibliothèque de l’Académie sont catalogués grâce au logiciel KOHA > Accessible ici

A ce jour, 2 902 titres sont répertoriés.

Ces documents rassemblent de larges connaissances sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

> En savoir plus sur le fonds documentaire

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La location des salles historiques de l’Académie (avec respect des règles sanitaires contre la Covid-19)

Situées au cœur de Paris, 18, rue de Bellechasse - Paris 7ème arrondissement, les salles de l'Académie d'agriculture de France peuvent être réservées pour des réunions.

Pour ce faire deux possibilités :

Réserver via notre prestataire Easy Réunion : http://www.easyreunion.fr/

ou

Réserver en sollicitant directement l'Académie : contact@academie-agriculture.fr

Le MENSUEL est une publication de l’Académie d’agriculture de France

Directeur de la publication : Constant Lecoeur
Rédacteur en chef : Christian Saber
Secrétaire de rédaction : Philippe Kim-Bonbled

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