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N°84 - mai 2023

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05/2023

Le Mensuel

N°84 / Mai 2023

À LA UNE

Anna Samoyloya - Unsplash

Quels arbres pour la ville de demain ?

L’arbre a toujours été un symbole fort et récurrent de la nature en ville. Aujourd’hui, l’arbre prend une place d’autant plus importante que les services qu’il rend au citadin sont majeurs et bien démontrés scientifiquement.

Lutter contre les îlots de chaleur en ville

Les arbres permettent d’abord la régulation thermique et la lutte contre les îlots de chaleur, par effet d’ombrage et d’évapotranspiration. Les canicules que le changement climatique va multiplier seront ainsi plus faciles à supporter dans les villes si des îlots boisés sont créés. Mais bien d’autres services encore sont rendus par les arbres en milieu urbain : régulation des pollutions atmosphériques, atténuation des inondations, support de biodiversité, amélioration de la santé humaine physique et mentale… Les municipalités l’ont bien compris et la plantation de milliers d’arbres est programmée dans de nombreuses villes. Des stratégies dédiées (plan canopée, plan arbre, plan biodiversité, etc.) sont ainsi élaborées à juste titre mais pourraient bénéficier d’une harmonisation à l’échelle nationale, voire européenne.

Choisir des espèces d’arbres capables de s’adapter aux stress

Un problème récurrent toutefois se pose, celui du choix d’espèces d’arbres capables de supporter les multiples stress présents en milieu urbain : chaleur et sécheresse accentuées par les surfaces sombres et imperméables, pollution de l’air, compaction des sols, casses et blessures… Ces conditions sont en outre propices au développement de maladies et aux attaques d’insectes. Rappelons également que 90% des espèces exotiques envahissantes d’insectes ravageurs forestiers sont d’abord détectées en ville.

Même si les essences déjà plantées en ville ont souvent été sélectionnées pour leur capacité de résistance, elles doivent désormais affronter les effets du changement climatique et ne disposent pas toujours des capacités d’adaptation observées dans les forêts naturelles. Une étude récente estime que, d’ici 2050, 71% des espèces d’arbres seront en situation de risque sanitaire dans les grandes villes. La question du renouvellement des essences à planter en ville se pose donc.

Augmenter la diversité des espèces d’arbres

Les alignements monospécifiques d’arbres en ville sont une source de vulnérabilité aux aléas climatiques et biotiques. Pour nombre de scientifiques et de gestionnaires, augmenter la diversité des espèces d’arbres apparaît comme le meilleur levier pour éviter la propagation des maladies, restaurer la biodiversité et embellir le paysage urbain. Des efforts d’amélioration dans l’installation et la gestion des arbres doivent être aussi consentis. Plusieurs villes remettent ainsi en cause la fosse de plantation et suggèrent de revenir aux plantations en tranchée qui offrent plus de volume de terre aux arbres et leur permettent des interactions racinaires. Beaucoup également s’interrogent sur la pertinence des microforêts plantées trop denses ou sur la faisabilité d’une agroforesterie urbaine.

Mieux impliquer les citoyens

Plus généralement, l’arbre en ville ne peut être simplement considéré comme un élément de mobilier urbain mais bien comme partie prenante d’un véritable socio-écosystème dont il convient d’assurer l’intégrité et la vitalité pour qu’il fournisse les services indispensables au bien-être des citadins. Pour cela la France doit rattraper son retard en matière de recherche sur les forêts urbaines et mieux impliquer les citoyens dans la planification et la gestion des futures plantations d’arbres.

Philippe Clergeau, membre de l’Académie d’agriculture de France, professeur émérite du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), président du conseil scientifique de Plante & Cité

Hervé Jactel, membre de l’Académie d’agriculture de France, directeur de recherche INRAE, président du conseil scientifique de l’Office national des forêts (ONF)

> Revivre la Séance hebdomadaire de l'Académie du 22 mars 2022 : Quels arbres pour la ville de demain ?

Photo (Ph. Clergeau) : Ce sont les platanes que l’on continue à planter majoritairement en ville

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Which trees for the city of tomorrow ?

Trees have always been a strong and recurrent symbol of nature in the city. Today, trees are taking on an even more important role as the services they provide to city dwellers are major and scientifically proven.

Combating heat islands in cities

Firstly, trees allow thermal regulation and fight against heat islands, through shading and evapotranspiration. The heat waves that climate change will increase will thus be easier to bear in cities if wooded patches are created. But there are many other services provided by trees in the urban environment: regulation of atmospheric pollution, mitigation of flooding, support for biodiversity, improvement of physical and mental human health, etc. Municipalities have understood this and the planting of thousands of trees is planned in many cities. Dedicated strategies (canopy plan, tree plan, biodiversity plan, etc.) are rightly developed but would benefit from harmonisation at national or even European scale.

Choose tree species that can adapt to stresses

However, there is a recurring problem of choosing tree species capable of withstanding the multiple stresses present in the urban environment : heat and drought accentuated by dark and impervious surfaces, air pollution, soil compaction, breakage and injuries, etc. These conditions are also conducive to the development of diseases and insect attacks. It should be remembered that 90% of alien forest insect pests are first detected in cities.

Although species already planted in cities have often been selected for their resistance, they are now facing the effects of climate change and may lack the adaptive capacity observed in natural forests. A recent study estimated that by 2050, 71% of tree species would be at sanitary risk in large cities. This raises the question of how to renew the species to be planted in cities.

Increasing the diversity of tree species

Monospecific tree plantings in cities appear to be a source of vulnerability to climatic and biotic hazards. For many scientists and managers, increasing the diversity of tree species appears to be the best lever to avoid the spread of diseases, restore biodiversity and beautify the urban landscape. Efforts to improve the installation and management of trees must also be made. Several cities are questioning the planting pit and suggesting a return to trench planting, which offers more soil volume to the trees and allows roots interactions. Many also question the relevance of overly dense planted micro-forests or the feasibility of urban agro-forestry.

Better involving citizens

More generally, the tree in the city cannot be considered simply as a piece of urban furniture, but as part of a real socio-ecosystem whose integrity and vitality must be ensured so that it provides the services essential to the well-being of city dwellers. For this to happen, France must catch up on research on urban forests and better involve citizens in the planning and management of future tree plantations.

Philippe Clergeau, member of the French Academy of Agriculture, professor emeritus at the National Museum of Natural History (MNHN), president of the Scientific Council of Plante & Cité

Hervé Jactel, member of the French Academy of Agriculture, INRAE research director, chairman of the scientific council of the French National Forestry Office (ONF)

> Replay the weekly session of the Academy of agriculture of 22 March 2022 : Which trees for the city of tomorrow ?

Photo (Ph. Clergeau) : These are the plane trees that are still mostly planted in the city

LES PRÉCÉDENTES SÉANCES DE L’ACADÉMIE

Les séances de l'Académie d’agriculture de France sont désormais diffusées, en direct puis en différé, sur sa chaîne YouTube, à laquelle il est conseillé, à cette occasion, de s'abonner.

Accéder à la chaîne > ici

Les perspectives d’évolution de la stratégie du bien-être animal dans l’Union européenne – impact sur l’élevage et les bâtiments

8 mars 2023

Les nouvelles connaissances scientifiques sur la sensibilité animale vont permettre de définir une nouvelle stratégie européenne du bien-être animal.

La législation européenne sur le bien-être animal doit être révisée d’ici fin 2023. Les enjeux de cette législation portent à la fois sur l’éthique, l’économie des filières d’élevage, l’environnement, les attentes sociologiques, la place des sciences et la qualité réglementaire.

Cette séance a été organisée conjointement avec l’Académie vétérinaire de France.

> Revivre la séance hebdomadaire

Photo ( Ferme des Trinottières - DECOAGRI) : Elevage de porcs en plein air

Ingénierie métabolique : avancées scientifiques et place dans les domaines agricoles et de l’alimentation

15 mars 2023

L’ingénierie métabolique est déjà sollicitée pour la production de médicaments. Elle permettra également d’élaborer des micronutriments essentiels pour la santé.

Par ailleurs, l’ingénierie métabolique aura un rôle majeur dans le domaine de la protection des végétaux.

Leurs technologies de production sont faiblement émettrices de carbone, peu consommatrices de ressources et ne nécessitent pas l’usage de solvants toxiques.

> Revivre la séance hebdomadaire

Illustration (Semae-pedagogie.org) : Principe d’ingénierie de biologie de synthèse

Quels arbres pour la ville de demain ?

22 mars 2023

Au cours de cette séance, les différents intervenants ont clairement souligné l’intérêt majeur des arbres en ville. En 2018, 82% de la population européenne habitait déjà en ville. Vagues de chaleur et pollution y sont de plus en plus redoutées. Les arbres participent au bien-être urbain mais de nombreux stress menacent leur vitalité et leur gestion pose des problèmes pratiques.

Les grandes villes françaises présentent surtout quelques espèces très dominantes comme le platane. Des recherches sont nécessaires pour identifier de nouvelles provenances. Il convient également de veiller à la diversité génétique des espèces locales pour favoriser l’émergence de caractères d’adaptation.

Des analyses multicritères sont à développer concernant le choix des espèces en tenant compte des caractéristiques et des services rendus par ces essences mais aussi des attentes des citoyens.

Un dialogue doit donc être développé entre citoyens, experts et politiques pour définir les besoins et les contraintes afin de placer durablement l’arbre au cœur des villes de demain.

> Revivre la séance hebdomadaire

Dessin (Laura - 9 ans – Club CPN Les Renardeaux de Valentigny) : Concours de dessin l’arbre dans la ville

La gouvernance foncière agricole et forestière en question

29 mars 2023

Cette séance a mis en avant la nécessité de réviser la conception juridique de la propriété privée. En effet, il existe au niveau local des organisations agricoles, collectivités territoriales, associations, organismes paritaires, entreprises de l’agroalimentaire, etc., qui ont leurs propres objectifs et gouvernances et qui génèrent un mille-feuille de normes.

Il manque un « cadastre dynamique » qui permettrait de connaître toutes les prérogatives et contraintes liées à chaque parcelle.

Par ailleurs, la gouvernance foncière doit évoluer pour aujourd’hui prendre en compte les questions essentielles de climat, de biodiversité, de partage de l’eau, de biomasse, d’équité sociale et de sécurité alimentaire au niveau de chaque territoire.

> Revivre la séance hebdomadaire

Illustration (ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires) : Les acteurs de gouvernance sont nombreux au niveau des territoires

Les huiles végétales alimentaires

5 avril 2023

La France est le premier pays producteur européen d’huiles végétales, en particulier avec le colza, et participe à la production européenne de tournesol, de soja et d’olive. D’autres petites filières, adaptées au contexte climatique et environnemental, se développent : chia, cameline, lin…

Cette diversité des huiles et corps gras contribue à l’équilibre de nos apports en acides gras, ce qui est un facteur de santé.

Cette séance de l’Académie d’agriculture de France a été élaborée avec le Groupe Lipides et Nutrition (GLN), association qui organise des réunions scientifiques, des colloques et qui soutient des projets de recherche.

Un programme « Lipides, nutrition et sport » est également en préparation dans le cadre de Paris 2024.

> Revivre la séance hebdomadaire

Photo (La nutrition.fr) : Les huiles alimentaires sont une richesse nutritionnelle

Dix ans après : quelle trajectoire pour l’agroécologie en France et dans le monde ?

12 avril 2023

En 2012, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, demandait un rapport sur l’agroécologie pour un modèle de production « plus économe en intrants et en énergie, tout en assurant durablement la compétitivité ».

Cette séance a permis la présentation d’exemples concrets de démarches en France vers l’agroécologie. C’est le cas d’Agora, une coopérative agricole céréalière qui rassemble 2 500 agriculteurs sur l’Oise et le Val d’Oise. Quatre expériences sont proposées aux agriculteurs : l’association de plantes compagnes au colza, les « agroclubs » avec partage d’expériences, la certification environnementale et la démarche « carbone » pour une valorisation économique.

Au niveau mondial, il n’y a pas aujourd’hui de convergences sur l’agroécologie, car elle nécessite une large transformation de systèmes agri-alimentaires très divers.

> Revivre la séance hebdomadaire

Illustration (Wikipédia commons) : L’agroécologie prend en compte les piliers du développement durable

Faire de la PAC dans les Outre-mer un levier de la transition alimentaire et agroécologique

19 avril 2023

Cette séance a mis en avant d’importantes nécessités pour l’avenir des agricultures des Outre-mer.

En effet, la souveraineté alimentaire doit se développer car l’essentiel des produits sont « importés ». L’activité agricole est vitale pour les populations rurales et elle contribue à la cohésion sociale. Elle permet une alimentation à partir de produits locaux, donc frais et favorables à la santé. Des exemples prouvent que l’agroécologie permet à des producteurs de vivre, mais ils doivent pouvoir être accompagnés dans cette transition.

En conclusion, l’action publique doit se transformer et rompre avec la logique des cultures d’exportation, non compétitives et qui ne bénéficient pas au plus grand nombre.

> Revivre la séance hebdomadaire

Photo (France – Antilles. Boz) : Franck Souprayen milite pour l’agriculture agroécologique en Guadeloupe

LES PROCHAINES SÉANCES DE L’ACADÉMIE

L’Académie d’agriculture de France organise à nouveau ses séances en présentiel dans ses locaux, dans le strict respect des mesures sanitaires de prévention contre la Covid-19.

Programme complet des séances > ici

Les séances sont également désormais diffusées en direct sur la chaîne YouTube de la Compagnie > ici

Data Sciences en agriculture

10 mai 2023

A chaque instant, en faisant des achats, en utilisant le GPS, avec notre smartphone..., nous laissons « sur notre passage » une quantité de traces numériques.

Les exploitations agricoles sont maintenant équipées de très nombreux capteurs qui génèrent des masses d’informations techniques connectées et collectées.

Les méthodes d’exploration de toutes ces données sont appelées Data Sciences. Cette séance portera sur les grands principes, les possibilités et les limites de ces nouvelles méthodes qui seront prises en compte dans la construction des futurs produits et services.

> En savoir plus sur la séance hebdomadaire et y assister en présentiel ou en distanciel

Illustration (DataScientest) : Agriculture et Data Science

Commerce équitable

17 mai 2023

Le commerce équitable est né dans les années 1930 de l’engagement de la société civile et des ONG à soutenir les producteurs.

Une charte internationale en définit les grands principes : travail décent, économie inclusive, égalité des sexes, sécurité alimentaire, moyens d’existence durable, équilibre écologique, communautés prospères, politiques commerciales axées sur l’Homme. Les produits agricoles et alimentaires forment la très grande majorité des produits du commerce équitable.

L’objectif de cette séance est de faire un état des lieux sur l’importance du commerce équitable, son cadre légal et institutionnel et ses principaux acteurs. Quelles sont ses convergences avec le commerce traditionnel ? Quel est son rôle dans la régulation du commerce international ? Est-il facteur de transition écologique et social ?

La filière du cacao sera présentée à titre d’exemple au cours de cette séance.

> En savoir plus sur la séance hebdomadaire et y participer en présentiel ou en distanciel

Illustration (Logo du collectif Commerce Equitable France) : Depuis 2014, la définition du commerce équitable s’étend aux relations avec tous les producteurs, y compris en France

L’agriculture de conservation des sols : quelle contribution pour une agriculture durable ?

7 juin 2023

Une séance avait eu lieu le 22 juin 2022. Elle était centrée sur l’évaluation des systèmes de culture en agriculture de conservation des sols, en dégageant les atouts et les contraintes, en France et dans le monde.

Une seconde séance le 9 novembre 2022 a donné la parole à des praticiens pour faire le point sur les bénéfices identifiés, mais aussi sur les limites et difficultés rencontrées.

Cette nouvelle séance abordera différents aspects de l’agriculture de conservation des sols : la gestion de l’eau, la fertilité chimique des sols, la flore adventice, la biodiversité…

En effet, l’agriculture de conservation des sols est d’abord une agriculture d’objectifs dans le cadre de la transition agroécologique. C’est ainsi qu’elle peut contribuer à une agriculture durable.

> En savoir plus sur la séance hebdomadaire et y assister en présentiel ou en distanciel

Photo (Entraid) : Couvert d’hiver avant le semis de maïs en agriculture de conservation des sols

Calendrier des séances hebdomadaires suivantes

- « L’autonomie énergétique de l’agriculture française » – 24 mai 2023

> En savoir plus (très bientôt) sur ces séances hebdomadaires

Illustration (AAF)

LES AUTRES ACTIVITÉS DE L'ACADÉMIE

Focus sur la chaîne vidéo de l’Académie

Toutes les séances de l’Académie sont diffusées en direct sur la chaîne YouTube de l’Académie. Elles sont gratuites et sans inscription.

Vous avez raté une séance, un colloque ou une intervention dans le cadre de l’Académie ?

Aujourd’hui, vous pouvez la visionner au moment où vous êtes disponible. De plus, vous pouvez faire connaître cette vidéo aux personnes concernées le thème des interventions et des débats.

Depuis octobre 2016, plus de 95.000 vues ont été enregistrées et 1.970 personnes sont abonnées à la chaîne YouTube de l’Académie (riche de 346 vidéos).

> S'abonner gratuitement à la chaîne

L'ACTUALITÉ DES PARTENAIRES DE L'ACADÉMIE

L’Académie d’agriculture de France recense et valorise sur son site Internet l'actualité que ses partenaires lui communiquent > ici

Petit-déjeuner de la 4AF :

Le double visage de la biodiversité – La nature n’est pas un jardin d’Éden

18 avril 2023

L’Association des amis de l’Académie d’agriculture de France a invité Christian Lévêque, hydrobiologiste, membre de l’Académie, pour la présentation de son dernier livre sur le double visage de la biodiversité.

Il constate en particulier que les récits écologiques exposent une vision mystique et romantique de la nature, bonne et généreuse, et qu’il faut protéger. En réalité, l’Homme a toujours vécu dans la crainte justifiée de la nature, avec les animaux dangereux, les crues, les sécheresses, les incendies, les tremblements de terre, les épidémies et les parasitismes pour lui comme pour les espèces animales, les ravageurs des cultures...

Mais Christian Lévêque dénonce également l’utilisation de l’éco anxiété par de grandes ONG, par des scientifiques « pyromanes », par des médias « qui veulent faire le buzz ».

En résumé, Il propose une gestion adaptative de la nature, qui associe de façon équilibrée raison et sentiments.

> Revivre le petit-déjeuner

> Accéder à la présentation de Christian Lévêque

Illustration : Le lion, l’agneau et la colombe – Le mythe du paradis où tout est harmonie

Autres actualités repérées ce mois-ci :

- « Les pratiques innovantes pour réinventer l’élevage ». C’est le thème de la nouvelle édition du concours Graines d’Agriculteurs. La date limite est fixée au 15 mai 2023

- Colloque « Paysages méditerranéens sous influences : comprendre, s’adapter, modeler » organisé par la Société nationale d’horticulture de France (SNHF) le 12 mai 2023 – Marseille

- Conférence-débat sur « la biodiversité animale comme source d’innovation biomédicale » organisée par l’Académie des sciences le 9 mai 2023

- Rapport sur « la politique d’installation des nouveaux agriculteurs et de transmission des exploitations agricoles ». Ce rapport de la Cour des Comptes a été présenté le 12 avril 2023

- Rapport d’information sur « les aliments cellulaires ». Ce rapport du Sénat présente 18 recommandations. Il a été adopté par la commission des affaires économiques le 5 avril 2023

- Rapport Schuman sur « l’Europe, l’état de l’Union 2023 ». Disponible depuis avril 2023

- Plan d’action « 53 mesures pour l’eau ». Ce plan a pour objectif de répondre à trois enjeux majeurs : organiser la sobriété des usages pour tous les acteurs, optimiser la disponibilité de la ressource, préserver la qualité de l’eau. Ce plan d’action du Gouvernement a été présenté le 30 mars 2023

> Lire et approfondir toutes ces actualités

ANALYSES DE THÈSE DE JEUNES CHERCHEURS

Vous venez de passer votre thèse, manifestez-vous ! Vous pourrez alors candidater pour une médaille d’argent. Contactez, pour ce faire : Anne-Marie Hattenberger (am.hattenberger.alfort@wanadoo.fr)

> En savoir plus sur les thèses

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Thèse de Victor Fririon : « Vulnérabilité des forêts face aux perturbations climatiques, une approche par simulation démo-génétique pour raisonner des stratégies de gestion adaptative du cèdre et du sapin douglas »

Thèse analysée par Antoine Kremer, membre de l’Académie d’agriculture de France

Directeur de thèse : François Lefèvre, directeur de recherche, INRAE Avignon

Co-directeur de thèse : Hendrik Davi, directeur de recherche, INRAE Avignon

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Thèse de Ivan Cornut : « Assessing the impact of the potassium cycle on stand growth and resource-use in tropical eucalypt plantations : a process-based modeling approach – Modélisation mécaniste de l’influence du cycle du Potassium sur la croissance et l’utilisation des ressources des plantations d’eucalyptus en zone tropicale »

Thèse analysée par Claude Plassard et Alain Gojon, membres de l’Académie d’agriculture de France

Directeur de thèse : Nicolas Delpierre, maître de conférences, université Paris Saclay

Co-directeur de thèse : Guerric Le Maire, directeur de recherche, CIRAD

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Thèse de Muriel Bordessoulles : « Analyse et interprétation des bois anciens. Fondements et enjeux d’une discipline en devenir : l’archéodendrométrie »

Thèse analysée par Bernard Thibaut, membre de l’Académie d’agriculture de France

Directeur de thèse : Denis Morin, maître de conférences HDR, université de Lorraine, Nancy

Co-encadrante : Catherine Lavier, ingénieure de recherche, C2RMF, ministère de la Culture, Paris

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Thèse de Gabriel Cardoso Conçalves : « Design and elaboration of anti-corrosion hybrid bio-sourced coatings for aircraft industries via EISA methodology – Conception et élaboration de revêtements hybrides bio-sourcés anti-corrosion, pour l’industrie aéronautique, via la méthodologie d’auto-assemblage induit par évaporation (EISA, evaporation-induced self-assembly) »

Thèse analysée par Xavier Deglise, membre de l’Académie d’agriculture de France

Directeurs de thèse : Fatima Charrier-El-Bouhtoury et Jean-Charles Dupin, maîtres de conférences à l’université de Pau et des Pays de l’Adour

Encadrant : Joachim Allouche, chargé de recherche CNRS

DIFFUSION DES CONNAISSANCES

LES AVIS, RAPPORTS, POINTS DE VUE D'ACADÉMICIENS ET NOTES ACADÉMIQUES

Les Avis, Rapports, Points de vue d'Académiciens et Notes académiques sont les synthèses de travaux collectifs de groupes de travail issus de l’Académie d'agriculture de France ou communs à plusieurs Académies.

> Accéder aux Avis et Rapports

> Accéder aux Points de vue d'Académiciens

> Accéder aux Notes académiques

Rapport du groupe de travail « One Health, contributions de la santé des plantes, des sols, de l’eau, de l’air et de l’environnement »

One Health, pour « Une seule santé » ou « Un monde, une santé », ou encore « Une seule santé pour un seul monde », tels sont les termes pour qualifier un ensemble d’initiatives concernant les interactions entre les humains, les animaux et l’environnement, dans une perspective de santé globale considérée comme un bien commun à préserver.

Ce rapport de plus d’une centaine de pages est le fruit d’un groupe de travail de l’Académie d’agriculture qui s’est intéressé à des aspects souvent méconnus du sujet « One health » : la santé des plantes et la prise en compte des principales composantes de notre environnement (air, eau, sol), incluant les communautés microbiennes associées. Il apporte ainsi un éclairage riche et original sur le rôle de l’environnement dans sa diversité.

Dans la conclusion générale, les rédacteurs soulignent en particulier que les pratiques agronomiques, vétérinaires et médicales, ne doivent pas avoir de conséquences graves, voire quasi irréversibles, sur l’environnement. Il faut également se préoccuper de la prolifération incontrôlée des espèces envahissantes, dont certaines sont toxiques, voire hautement préjudiciables à la santé humaine et animale et au maintien de la biodiversité.

L’épidémiosurveillance est indispensable pour détecter de nouvelles infections comme pour limiter leur extension. Des avancées fondamentales pour la maîtrise de la santé humaine ont été accomplies, mais les protocoles de contrôle et d’intervention doivent être régulièrement évalués et améliorés. L’expérience de la COVID-19 a montré que des événements imprévus et majeurs peuvent survenir. Deux mots d’ordre sont donc essentiels : vigilance et réactivité.

Coordination : Arlette Laval

Rédacteurs principaux : Jean-Louis Bernard, Jacques Berthelin, Yves Brunet, Dominique Job, Arlette Laval, Dominique Parent-Massin, Catherine Regnault-Roger, Philippe Reignault, René Seux

Contributeurs : Bernard Ambolet, Jacques Brulhet, Thierry Candresse, Denis Couvet, Marc-André Driancourt, Barbara Dufour, Philippe Kim-Bonbled, Jean-Michel Lecerf, Constant Lecoeur, Christian Lévêque, Didier Majou, Christian Mougin, Geneviève Parent, Gérard Pascal, Jean-Louis Rastoin, Hubert de Rochambeau, Claire Rogel-Gaillard, Ed Topp, Paul Vialle, Nadine Vivier

Relecture finale et mise en forme : Yves Brunet

DIFFUSION DES CONNAISSANCES

LES ARTICLES

Des articles portent sur des sujets très précis dans les domaines d'activités de l'Académie d'agriculture de France. Ils sont rédigés par des académiciens en leur nom propre.

Vous trouverez l'intégralité de ces articles > En cliquant ici

Voici, ci-après, la présentation d'articles récents :

Des compétences individuelles à la compétence collective des agronomes pour accompagner la transformation de l’agriculture

L’agriculture doit changer. Le changement climatique et la perte de biodiversité sont incontestables. L’agriculture en porte une part de responsabilité mais c’est l’une des rares activités humaines qui a la capacité d’avoir un solde énergétique positif. Par ailleurs, en raison de l’importance des espaces qu’elle occupe, elle peut avoir une contribution essentielle dans la préservation des milieux et du monde du vivant !

Les Entretiens agronomiques Olivier de Serres ont permis d’analyser finement les changements nécessaires dans les activités et les compétences des agronomes dans ce contexte de transition. Ils auront à rendre la transition écologique désirable, à maîtriser les transitions numérique et énergétique, à s’investir dans la transition alimentaire.

A partir de ces grandes orientations, les participants aux Entretiens agronomiques ont mis en évidence les caractéristiques majeures des métiers d’agronomes dans les années à venir. Les agronomes devront à la fois présenter des profils diversifiés, être multifonctions, travailler en équipe et posséder des compétences individuelles transversales.

Pour pouvoir s’engager pour une agriculture au service de la société, les agronomes doivent affirmer une compétence collective auprès des entreprises et des politiques publiques. Pour cela, il leur est nécessaire d’acquérir une visibilité et la reconnaissance de leur expertise. En effet « la communauté des agronomes ne peut plus rester muette, face aux lobbies divers et variés qui influencent les opinions et les politiques publiques ».

Article de Philippe Prévost, membre de l’Académie d’agriculture de France, et autres auteurs, paru dans la Revue de l’Association française d’agronomie – décembre 2022

DIFFUSION DES CONNAISSANCES

L'ENCYCLOPÉDIE

L’encyclopédie présente des fiches techniques synthétiques traitant d’un sujet.

Elles prennent trois formes : les fiches "Questions sur…" qui développent un sujet complet sur 4 pages, les fiches pédagogiques "Repères", basées sur des chiffres et, enfin, un ensemble de "courtes vidéos" .

Pour en savoir plus sur les grands thèmes et l'ensemble des fiches et vidéos, consulter la table des matières de l'Encyclopédie > ici

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L’encyclopédie s’enrichit en permanence de nouveaux thèmes ou de l’actualisation de certaines fiches. Il est donc intéressant de la consulter régulièrement pour découvrir les sujets qui vous intéressent. 479 documents ont déjà été publiés. Ils ont été établis par 142 membres de l’Académie d’agriculture de France et 61 experts extérieurs.

A titre d’exemple, voici la présentation de quelques fiches très récentes :

Le colza d’hiver

Cette fiche est consacrée au colza d’hiver qui représente en France 99 % des surfaces de colza. Ces colzas sont destinés à produire des graines pour donner de l’huile et des tourteaux. Le colza est le principal oléagineux français avec des surfaces qui fluctuent entre 1 million et 1,5 million d’hectares.

L’auteur précise le matériel végétal disponible pour le colza (plusieurs dizaines de variétés), le cycle de développement et l’élaboration du rendement, le système de culture et les itinéraires techniques. La culture du colza est exigeante, en particulier en raison des bioagresseurs dont elle est la cible.

Le développement de nouvelles modalités de conduite (cultures associées) permet d’espérer à court ou moyen terme une amélioration du bilan environnemental de la culture, en réduisant les intrants et en favorisant la biodiversité.

Fiche « Questions sur… » N° 01.02. Q16 de Philippe Leterme, membre de l’Académie d’agriculture de France

> Lire la fiche

Photo (Fédération nationale des industries des corps gras) : Le colza est issu d’un ancien croisement naturel entre le chou et la navette

La dormance des semences

L’état de dormance correspond à une inaptitude à la germination, même si les semences sont placées dans des conditions favorables (présence d’eau sans excès, bonne oxygénation, température adéquate…). Le blocage de la germination provient donc de la semence elle-même, et non pas du milieu.

Cette fiche scientifique a pour objectif de décrire les phénomènes de dormance, leur relativité, leur origine (rôle de l’embryon ou des enveloppes), leur élimination pour permettre la germination après le semis. L’élimination des dormances peut se réaliser progressivement au cours de la conservation au sec des semences, ou après différents traitements altérant les enveloppes (trempage des semences dans l’eau, dans de l’éthanol dilué...). Le froid, naturel l’hiver ou artificiel dans des chambres froides, reste un traitement permettant l’élimination des dormances.

Fiche « Questions sur… » N° 06.04. Q03 de Françoise Corbineau, membre de l’Académie d’agriculture de France

> Lire la fiche

Photo (Wikipédia Commons) : Le Lotus sacré présente une dormance exceptionnelle grâce à un péricarpe très dur et très étanche

La libéralisation des échanges internationaux

La libéralisation des échanges et la mondialisation des dernières décennies sont fortement remises en cause.

La crise de la Covid-19 a mis en lumière notre trop grande dépendance aux importations (masques, médicaments…) et l’arrêt des activités en Asie a entraîné un manque de composants électroniques qui a paralysé toutes les industries automobiles. Par ailleurs, la guerre en Ukraine a provoqué la flambée des cours des céréales et d’huiles alimentaires.

Renforcer la résilience de nos économies est une priorité. Mais pour l’auteur, il faut éviter les prises de positions dogmatiques sur le libre-échange. La libéralisation des échanges continuera de jouer un grand rôle dans les relations économiques internationales. Ainsi, les échanges internationaux sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire pour de nombreux pays. Et ce rôle n’est pas près de disparaître.

Fiche « Questions sur… » N° 04.01. Q02 de Michel Petit, membre de l’Académie d’agriculture de France

> Lire la fiche

Photo (Aurel automobile) : Composants électroniques pour l’automobile

Combien de terres cultivables non encore cultivées ? Allons-nous manquer de terres ?

La population mondiale poursuit sa croissance à un rythme supérieur à 1% par an. Par ailleurs, la sous-nutrition est repartie à la hausse depuis 2015.

L’évaluation des ressources en terres cultivables non encore cultivées est devenue stratégique. Mais les études aboutissent à des chiffres très variables, de 4 milliards d’hectares à 500 millions d’hectares. En effet, la mise en culture de terres actuellement en pâturages peut présenter des risques pour l’environnement, risques accentués par le changement climatique.

Les réserves de terres cultivables sont limitées dans les pays des latitudes tempérées, à l’exception de la Russie orientale. Elles le sont encore bien davantage dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ainsi qu’en Asie méridionale et orientale. L’essentiel de ces réserves de terres cultivables se situe en Amérique latine et en Afrique, où des espaces forestiers sont éventuellement susceptibles de porter davantage de cultures.

Les ressources en eau et en terres sont donc de plus en plus limitées. Pour l’auteur, une intensification raisonnée de la production sur certains espaces agricoles déjà mobilisés apparaît incontournable.

Fiche « Questions sur… » N° 10.02. Q14 de Jean-Paul Charvet, membre de l’Académie d’agriculture de France

> Lire la Fiche

Photo (SENASA Contigo) : Dans les Andes, des formations sont organisées pour l’agriculture familiale

LES OUVRAGES PRÉSENTÉS PAR L'ACADÉMIE

Vous avez apprécié un ouvrage. Pour qu’il puisse paraître dans ce chapitre,
contactez : Philippe Kim-Bonbled (philippe.kim-bonbled@academie-agriculture.fr) et Christine Ledoux (christine.ledoux@academie-agriculture.fr)

Les ouvrages présentés sur le site Internet de l’Académie d'agriculture de France ont été lus très attentivement par un Académicien. Vous disposez ainsi d'une présentation, qui vous permettra de mieux appréhender son contenu et connaître tout ce qu'il peut vous apporter.

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Les sciences en guerre froide (1946 – 1991). France – Union soviétique et pays de l’Est

Cet ouvrage constitue le premier volume d’une trilogie sur les relations scientifiques entre la France et les pays de l’Est. Six grands chapitres sont consacrés aux mathématiques, à la physique, aux neurosciences, à la médecine en passant par les sciences du vivant et de la Terre.

Des scientifiques, français et étrangers, membres d’Académies, universitaires et chercheurs, témoignent sur les relations que la France a pu entretenir, pendant la guerre froide, dans un grand nombre de disciplines.

Ces relations scientifiques dépendaient du contexte politique, mais des échanges ont été poursuivis par des chercheurs qui avaient préservé des relations souvent personnelles.

Presses universitaires Rhin &Danube

Histoire des régions caprines françaises entre internationalisation et relocalisation, modernité et tradition

La chèvre, source de protéines et témoin d’une économie vivrière, a été présente partout au XIXe siècle. Dès la moitié du XXe siècle, la production va se resserrer sur 4 régions : Charentes-Poitou, Centre, Rhône-Alpes et Corse. A partir des années 1960, les élevages se concentrent et se spécialisent avec des industries laitières qui se regroupent et s’internationalisent.

Parallèlement des milliers d’éleveurs français maintiennent une production fermière et artisane et s’organisent pour répondre à la demande sociétale.

Avec la participation de 80 collaborateurs, cet ouvrage collectif est une véritable encyclopédie qui devrait passionner tous ceux qui s’intéressent « à la France caprine ».

Co-édition INRAE et Société d’Ethnozootechnie

EN DÉBAT...

L’élevage en procès

La mise en accusation de l’élevage et de la consommation de viande par la presse « grand public » est régulière. Dès le début de cet article, la question est posée : « Qu’en est-il exactement des inconvénients et des aspects positifs de l’élevage ? »

Les éléments à charge :

- l’émission de gaz à effet de serre, notamment de méthane, causée par la présence de micro-organismes dans l’estomac et la digestion des ruminants d’élevage. En 50 ans, le nombre de bovins dans le monde a plus que doublé,

- une consommation importante d’eau pour l’abreuvement des troupeaux et certaines productions fourragères,

- la déforestation liée à l’augmentation des pâturages et à celle de cultures comme le soja,

- les risques sur la santé humaine liés à la consommation excessive de viandes rouges et de viandes transformées. Cette consommation continue à augmenter fortement dans des pays très peuplés.

Les éléments à décharge :

- la transformation par l’élevage de matières végétales en aliments (viande, lait, œufs, graisses) riches en nutriments et en vitamines,

- la fourniture de nombreuses matières (laine, cuir, plumes…) et une force de travail dans de nombreux pays,

- une ressource contre la malnutrition pour environ 500 millions de paysans pauvres,

- l’entretien d’espaces herbagés qui sont autant de « puits de CO2 »,

- la prévention contre les incendies de forêts avec le pâturage par les ovins et les caprins de la végétation des sous-bois.

L’auteur estime aujourd’hui nécessaire de repenser l’élevage et son association avec les cultures végétales ; Il s’agit de retrouver des équilibres à tous niveaux. Il dénonce les « feedlots » américains où plusieurs milliers de têtes sont maintenus à l’engraissement en un même lieu, les « immeubles à cochons » chinois avec 650 000 animaux sur 26 étages… Il estime que la priorité devrait être donnée aux races polyvalentes et rustiques, d’une importance vitale en cas d’épizooties majeures et de grande ampleur. Enfin, la consommation humaine de viande doit rester équilibrée.

Cette reconnexion de l’élevage avec l’agriculture devrait ainsi lui permettre de s’inscrire dans la transition écologique et de résister aux mouvements idéologiques.

Article de Jean-Pierre Digard, anthropologue, membre de l’Académie d’agriculture de France, paru dans les Cahiers rationalistes – janvier-février 2023

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La taxation des terres agricoles en France favorise l’artificialisation des sols

Les politiques agricoles et environnementales peuvent encourager ou décourager un changement de destination des terres agricoles. En effet, les travaux de recherche montrent que l’artificialisation de ces terres est freinée lorsque l’activité agricole est rentable et que le prix des terres est élevé. Une taxation élevée peut diminuer la rentabilité des terres et donc faciliter leur urbanisation.

Qu’en est-il de la taxation pratiquée en France ?

La France se caractérise par une taxation plus lourde des terres agricoles que celle observée en général en Europe. Par ailleurs, les autres pays d’Europe de l’Ouest présentent un loyer moyen à l’hectare plus élevé. Cette situation aboutit à un prix des surfaces agricoles extrêmement bas en France. L’hectare y vaut en moyenne 600 euros quand il est libre (4500 euros quand il est loué), contre 21 000 en Allemagne, 25 000 au Royaume-Uni et 63 000 aux Pays-Bas.

L’auteur de cet article précise : « Après leur cessation d’activité, les agriculteurs conservent la partie des terres dont ils sont propriétaires. Mais les loyers très bas et très taxés les incitent à vendre ou à urbaniser ces terres pour financer leur retraite, plutôt qu’à les mettre en location pour leur conserver un usage agricole ».

En France, la fiscalité privilégie les objectifs économiques et sociaux (baisse des charges pour les exploitations, soutien au revenu des agriculteurs…). Mais aujourd’hui, pour la transition agroécologique, la fiscalité doit être adaptée. Elle devrait inciter au développement des pratiques qui favorisent la biodiversité : diversification des cultures, réduction de la taille des parcelles, bandes enherbées, élevage extensif sur des surfaces toujours en herbe, couverture des sols en hiver…

A titre d’exemple, le bail à clauses environnementales (BRE créé en 2016) qui permet, par l’accord du preneur et du bailleur, d’insérer dans un bail rural des clauses visant la préservation de la biodiversité, des paysages, des sols et de la ressource en eau ne bénéficie d’aucune réduction des taxes de l’État et des collectivités locales.

Si l’on souhaite vraiment que les BRE se développent, il serait équitable et souhaitable qu’ils bénéficient d’une fiscalité incitative.

Article de Guillaume Sainteny, spécialiste de la fiscalité environnementale, membre de l’Académie d’agriculture de France, paru dans l’Économie politique – 1er trimestre 2023

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LES SERVICES DE L’ACADÉMIE

Le fonds documentaire de l’Académie

Le fonds documentaire de l’Académie est riche de près de 40 000 ouvrages complétés par les archives manuscrites de nombreux académiciens. Il rassemble la totalité des publications de la Société Royale d’Agriculture depuis 1761, puis de l’Académie après 1915 : périodiques (mémoires, bulletins, comptes rendus) et ouvrages édités par la Compagnie.

S’y ajoutent 2 997 périodiques anciens reliés :

- Annales de l’Agriculture de l’an VI à 1873 (complet)

- Journal d’Agriculture pratique de 1837 à sa disparition en 1938

- Journal de l’Agriculture de 1866 à 1909

Un fonds ancien constitué d’environ 15 300 titres reliés depuis 1512 jusqu’à 1960 et de 10 000 brochures et documents classés par matière (du XIXe et XXe siècles essentiellement).

Un fonds moderne (livres entrés depuis 1960) représentant environ 9 000 volumes.

Les principales collections font l’objet de numérisation grâce à un partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BnF). Elles sont consultables en ligne et permettent une recherche par reconnaissance des caractères.

Enfin depuis 4 ans, les titres disponibles et consultables sur rendez-vous à la bibliothèque de l’Académie sont catalogués grâce au logiciel KOHA > Accessible ici

À ce jour, 3 061 titres sont répertoriés.

Ces documents rassemblent de larges connaissances sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

> En savoir plus sur le fonds documentaire

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La location des salles historiques de l’Académie (avec respect des règles sanitaires contre la Covid-19)

Situées au cœur de Paris, 18, rue de Bellechasse - Paris 7ème arrondissement, les salles de l'Académie d'agriculture de France peuvent être réservées pour des réunions.

Pour ce faire deux possibilités :

Réserver via notre prestataire Easy Réunion : http://www.easyreunion.fr/

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Le MENSUEL est une publication de l’Académie d’agriculture de France

Directeur de la publication : Constant Lecoeur
Rédacteur en chef : Christian Saber
Secrétaire de rédaction : Philippe Kim-Bonbled

Comité de lecture : Jean-Louis Bernard, Jacques Brulhet, Yves Brunet, Michel Candau, Marie-Françoise Chevallier-Le Guyader, André Fougeroux, Anne-Marie Hattenberger, Jean-Jacques Hervé, Philippe Kim-Bonbled, Constant Lecoeur, Patrick Ollivier, Nadine Vivier, Guy Waksman

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