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Comment les agriculteurs français peuvent-ils se protéger contre la sécheresse ?

08/07/2013

ATTENTION ! DATE FICTIVE

En France, l’activité agricole est fréquemment frappée par des sécheresses. Celles-ci sont aléatoires, plus ou moins graves, mais toujours de grande ampleur dans l’espace. On peut craindre aussi que leur fréquence s’accroisse avec les changements climatiques annoncés. Se protéger contre les effets ou les conséquences des sécheresses est donc un impératif pour les agriculteurs, notamment dans le centre et le sud de notre pays.
L’Académie d’Agriculture a donc créé un groupe de travail sur les moyens de faire face à cet aléa majeur. On trouvera ci-joint le rapport complet de ce groupe.
Le recours à l’irrigation constitue évidemment une première réponse. Mais le coût des équipements nécessaires peut cependant être élevé et surtout les disponibilités en eau sont souvent limitées, au moins pendant la période estivale, ce qui en interdit la généralisation. Il faut aussi anticiper les conséquences de la future réforme de la PAC qui pourraient réduire l’intérêt économique du recours à l’irrigation. C’est donc vers d’autres moyens que le groupe a porté ses recherches. 
Tout d’abord, les agriculteurs peuvent choisir des plantes résistant à la sécheresse. Cette résistance à la sécheresse peut être due à trois mécanismes: l’esquive avec des plantes réalisant l’essentiel de leur cycle cultural hors ou avant les périodes sèches (comme les cultures d’hiver ou les variétés précoces), l’évitement avec des plantes de faible envergure aérienne et disposant d’un système racinaire développé (comme la luzerne ou le sorgho) et la tolérance au profit de plantes peu sensibles à la sécheresse (comme le tournesol ou le sorgho). Il ne faut donc pas hésiter à modifier les pratiques agricoles en privilégiant dans les assolements les plantes les mieux adaptées à la sécheresse.
Le groupe recommande également de développer les travaux de recherche sur les différentes voies d’amélioration de la tolérance au stress hydrique. Les outils habituels de la sélection conventionnelle, de la génomique ou de la transgénèse doivent permettre de réaliser des progrès certes non infinis mais réels. Dans ce domaine, il ne faut pas attendre car les délais de mise au point de variétés nouvelles sont inévitablement longs (une dizaine d’année en général).
Les techniques de production des fourrages et les méthodes d’élevage des herbivores peuvent également être modifiées avec profit. Elles concernent l’utilisation de certaines plantes fourragères plus résistantes que d’autres à la sécheresse, la constitution dès la fin du printemps de réserves fourragères d’auto-protection à consommer en cas de sécheresse ultérieure, enfin l’adaptation simultanée de la gestion des surfaces fourragères et de la conduite des troupeaux, y compris en allant jusqu’à la refonte plus ou profonde des systèmes de production.
Dans les régions d’élevage les plus menacées, il convient aussi d’éviter les systèmes très intensifs mais très sensibles aux aléas climatiques. Dans le cas contraire, c’est non seulement l’avenir des exploitations qui est en cause, mais aussi l’équilibre économique et humain des territoires ruraux qui serait menacé en cas de défaillances multiples alors qu’il faut le préserver. Dans tous les cas, les systèmes de polyculture-élevage sont à privilégier.
Les élevages de poissons eux-mêmes sont très sensibles aux effets d’une insuffisance d’eau de qualité. La disponibilité en eau constitue donc une préoccupation majeure et permanente des pisciculteurs.
Enfin le groupe s’est interrogé sur les méthodes de compensation contre les conséquences financières des sécheresses. Il est admis aujourd’hui que le système de compensation des pertes par des subventions est inadapté. Si les moyens d’autoprotection n’ont pu être mis en œuvre, il faudra donc plutôt avoir recours à un système d’assurance contre la sécheresse et les autres aléas climatiques. Il reste que, malgré les aides publiques, le coût des primes d’assurance, est élevé dès lors que l’exploitant souhaite une réelle protection. Il doit donc étudier attentivement les conditions qui lui sont proposées afin que la formule retenue corresponde le mieux à ses besoins.
Dans les régions où la sécheresse constitue une réelle menace, les agriculteurs disposent cependant de moyens pour se protéger contre les conséquences de cet aléa. Mais ces moyens ont souvent un coût élevé avec des augmentations de charges et des diminutions de produits. C’est pourquoi, les pouvoirs publics nationaux et communautaires doivent également se préoccuper de ce problème. En particulier, il leur revient d’accélérer les travaux de recherche pour améliorer la résistance des plantes à la sécheresse sans pour autant sacrifier les rendements, ainsi que pour aider à définir les systèmes de production les mieux adaptés aux conditions climatiques de chaque exploitation.

eric.federici@gmail.com