Planter des arbres pour lutter contre le réchauffement climatique
Les plantations d’arbres sont devenues le moyen d’action privilégié pour de nombreuses entreprises et particuliers de lutter contre le réchauffement climatique. Souvent, des associations, des collectivités, des écoles associent les enfants à la plantation d’arbres. C’est en effet une action concrète, sympathique, mobilisatrice, pédagogique, facile à mettre en œuvre et ancrée dans un territoire et dans le temps.
Chaque collégien français devrait ainsi planter un arbre pour participer à l’objectif d’un milliard d’arbres en 10 ans pour lutter contre l’érosion de la biodiversité et le réchauffement climatique.
Mais est-ce aussi simple ?
Dans une tribune parue dans le Monde le 20 janvier 2024, cinq spécialistes de la forêt analysent la place que peuvent occuper nos écosystèmes forestiers dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La forêt est un puits de carbone lorsque son stock de carbone augmente. Le puits actuel de carbone est dû à l’augmentation de 50 % des surfaces en forêt au XXe siècle en raison de la déprise agricole sur les terres les moins productives. Le stock de bois a ainsi été multiplié par deux.
La forêt en libre évolution tend vers un état d’équilibre. Mais « la forêt fait aujourd’hui face à des conditions climatiques dégradées, à des crises sanitaires graves et répétées et à des incendies d’ampleur inédite qui impactent fortement les stocks de bois des forêts ».
Si la forêt est encore un puits de carbone, la production a diminué de 4 % par rapport à la période 2005-2013 et la mortalité des arbres s’est accrue de 80 %. Au lieu d’être un puits de carbone, la forêt peut devenir à l’inverse une source de carbone, comme dans l’est de la France. De plus la dégradation des conditions météorologiques rend plus aléatoire la reprise de jeunes plants, en raison d’épisodes de sécheresse plus fréquents et précoces.
La transformation et la restauration des sols forestiers doivent faire appel à une diversité de techniques et d’essences. Parallèlement, les usages du bois français de longue durée (construction, ameublement) sont à privilégier car ils prolongent le stockage de carbone.
« La forêt ne peut pas être un puits infini de carbone », ni un puits « sans fonds ». Il faut se donner les moyens d’agir, concluent ainsi les signataires de cette tribune : Antoine Colin, chef du département d’analyse des forêts et des haies bocagères à l’IGN, Christine Deleuze, directrice projet Stratégie carbone à l’ONF, Mélanie Juillard, ingénieure forêts et utilisation des terres au Citepa, Olivier Picard, directeur du centre régional de la propriété forestière d’Occitanie et Meriem Fournier, chercheuse à l’INRAE.
Meriem Fournier, membre de l’Académie d’agriculture de France, a créé et préside en Lorraine le territoire d’innovation « Des Hommes et des arbres », un collectif qui a déjà labellisé 42 projets. Les projets retenus pour leur pertinence sont accompagnés par le collectif qui regroupe 90 organisations.
Des articles portent sur des sujets très précis dans les domaines d'activités de l'Académie d'agriculture de France. Ils sont rédigés par des académiciens en leur nom propre.
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