Depuis de nombreuses années il y a un débat, tant au niveau national qu’au niveau international sur l’évolution de la diversité génétique des variétés cultivées et des animaux domestiques avec souvent des résultats contradictoires. En effet, une des difficultés du débat vient du fait que les auteurs utilisent des indicateurs de diversité différents. Par exemple les experts en sciences sociales utilisent le nombre de variétés ou le nombre de races par espèce, la proportion des surfaces plantées avec ses variétés ou des élevages utilisant ces races et le passage par les agriculteurs d’une variété à une autre ou d’une race à une autre. Les biologistes utilisent plutôt des indicateurs généalogiques, l’analyse de caractéristiques morphologiques ou des indices de fréquence allélique, de distance génétiques fondés sur des analyses de marqueurs moléculaires. Non seulement ces indicateurs sont différents, leur signification peut être discutable mais encore leurs relations sont souvent faibles. Le nombre de variétés ou de races locales est souvent utilisé comme un critère de diversité génétique. Cependant ces variétés ou races sont rarement, dans un premier stade, analysées de façon systématique. Il apparaît souvent, par exemple pour les variétés végétales, qu’après analyse, ce nombre doit être réduit de façon drastique du fait de synonymie. De même pour les races animales les inventaires, à part quelques informations succinctes sur leurs caractères zootechniques ne disent pas grand-chose sur leurs diversités génétiques. La corrélation entre les diversités données par différents marqueurs est souvent faible, comme par exemple, dans le cas des variétés végétales, entre les marqueurs moléculaires et les marqueurs morphologiques, à l’exception de caractères simples monogéniques. Les résultats mettent en évidence des relations triangulaires entre les deux types de distance. On peut utiliser bien évidemment beaucoup d’autres indicateurs tels que les indicateurs généalogiques, les fréquences alléliques, les nombreux indices de diversité moléculaires. Il y a cependant lieu d’être prudent avant de tirer des conclusions lorsque l’on parle de diversité génétique et de son évolution.
Bernard Le Buanec