La crise inattendue et violente, liée au Covid-19 début 2020, a induit des adaptations assez remarquables dans beaucoup de domaines touchant l'agriculture. Le développement du numérique y a tenu une grande part. Toutefois, en 2022, plusieurs axes conservent de vrais points d'interrogation. Ainsi :
- Qu'est-ce que la souveraineté alimentaire à laquelle nous aspirons, tout en espérant conserver d'importants marchés à l'exportation ?
- En matière d'approvisionnement, la question de la proximité devient une "tarte à la crème", alors que la proximité n'est pas du tout synonyme de sécurité. Ne vaudrait-il pas mieux maintenir différentes sources d'approvisionnement pour une supply-chain mieux répartie et donc sécurisée ?
- Quels sont les maillons faibles de la chaine alimentaire (dont, à l'évidence, la logistique) ?
- Quid de la main d'oeuvre indispensable ?
- Quelles évolutions des différents circuits de distribution ?
Il est légitime de se demander si le numérique peut être tout ou partie des réponses à ces interrogations, parce que, si à l'évidence le numérique n'est qu'un moyen, il est aujourd'hui d'une telle puissance et d'une telle ubiquité qu'il change profondément l'économie comme notre vie sociale. Par exemple :
- Nos capacités à produire, importer ou exporter, commercialiser dans des conditions économiques satisfaisantes, dépendra bien de la qualité de nos infrastructures numériques, tout au long des chaînes de valeur.
- Les solutions aux problèmes de l'efficacité, et donc du coût de la logistique (en particulier du dernier kilomêtre dans le monde rural) va nécessiter des efforts de créativité au niveau des organisations, comme au niveau des développements d'applications efficaces.
- La montée en compétences sur le numérique, des jeunes en particulier, est d'ores et déjà visible. Le numérique est partout, et les jeunes s'y sentent à l'aise. Reste sans doute un pas à franchir : celui de la robotisation qui ne prendra son véritable envol qu'avec des alliances entre start-up, avec leurs capacités à innover, et constructeurs de machines agricoles, avec leur connaissance des milieux physiques dans lesquels les robots vont travailler (les champs, les bâtiments d'élevage...) et surtout leurs connaissances des agriculteurs auxquels ils sont liés souvent par des relations anciennes.
- Si les robots font la preuve de leur efficacité dans de nombreux domaines (de la production industrielle à la logistique dans les entrepôts des géants de la distribution), seront-ils aussi efficaces dans la production agricole, et seront-ils une des solutions au manque de plus en plus criant de main-d'oeuvre agricole tant au niveau national qu'européen ?
Rendez-vous en 2024 pour un nouvel examen de la situation.