Vous êtes ici

À la recherche de nouvelles synergies entre cultures et élevage

14/06/2023 à 14h30

L’intensification de l’agriculture et la spécialisation des exploitations, des filières et des bassins de production, facilitées par un recours massif aux intrants de synthèse dans une ère d’énergie fossile bon marché, ont eu pour effet de maximiser la production agricole mais aussi de découpler les productions végétales et animales. Cela a conduit à une concentration excessive de productions animales dans certaines régions avec des difficultés pour gérer les effluents animaux (Grand-ouest par exemple) et inversement à un appauvrissement en matière organique des sols dédiés aux productions végétales dans d’autres régions (bassin parisien par exemple). Les enjeux autour de l’agriculture se posent aujourd’hui en de nouveaux termes (réduction des intrants de synthèse, des émissions de gaz à effet de serre et des phytosanitaires, amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages, de l’autonomie en azote de l’agriculture, relocalisation de la production pour l’approvisionnement des villes, …). Le développement de systèmes agricoles qui permettent de reboucler durablement les cycles biogéochimiques et de maximiser les régulations biotiques constitue une voie prometteuse pour répondre à ces enjeux.
Les voies de progrès à explorer sont diverses : valorisation des effluents d’élevage par les plantes, diversification des rotations spécialisées pour assurer le bouclage des bilans fourragers et l’autonomie protéique des exploitations et, de façon plus globale, bouclage des cycles de l’azote et du phosphore avec, au final, des effets sur la fertilité des sols, l’usage des pesticides et engrais de synthèse, la gestion de la biodiversité et le stockage de C dans les sols ainsi que la réduction des émissions de GES. La mise en œuvre de ces pistes repose sur de nouveaux équilibres et nécessite de déverrouiller les systèmes de productions agricoles existants et de mieux connecter, à différentes échelles, les productions animales et végétales. La recherche de ces nouvelles synergies entre productions animales et végétales pour réduire les enjeux pollution et/ou pour remplir des services (régulation bioagresseurs, autonomie fourragère…) soulève des questions de partage d’un même espace et d’organisation des flux entre espaces producteurs et espaces demandeurs. Il en découle des innovations organisationnelles et socio-économiques à des échelles territoriales et spatiales variées.
Des initiatives visant à (re)-connecter cultures et élevage se développent. Il s’agit, par exemple, du pâturage ovin ou de volailles en plaines céréalières et en vergers, de l’association de céréaliers et d’éleveurs pour un raisonnement des assolements et le développement de marchés couplés, du compostage d’effluents d’élevage avec différents débouchés (grandes cultures, viticulture, maraîchage…), de l’utilisation d’animaux comme acteurs de prophylaxie et de biocontrôle dans des cultures spécialisées, etc. Les résultats de ces initiatives, qu’ils soient issus de la recherche, du développement ou d’innovations de terrain par les agriculteurs, sont actuellement dispersés, ce qui ne permet pas leur évaluation ni leur diffusion, ni la montée en généricité. Il est nécessaire d’apporter aux acteurs des territoires et des filières des éléments d’évaluation objectifs et solides d’une meilleure intégration de l’élevage avec les productions végétales dans les territoires et mais aussi de préciser comment cette intégration peut être un moteur de la transition agroécologique du territoire et un facteur majeur de la durabilité.

Cliquer sur les photos pour les voir en entier.

Introduction
Jean-Marc MEYNARD, Antoine MESSÉAN
Retour sur l’historique et les causes de la spécialisation des exploitations et des territoires
Exposé(s)
Voir les résumés et cv des intervenants
Recherche de synergies entre culture et élevage pour le bouclage des cycles
Thomas NESME, Chef du département INRAE AgroEcoSystem
Recherche de synergies entre culture et élevage pour les régulations biologiques
Frédérique ANGEVIN
Illustration de la diversité des modes de reconnexion
René BAUMONT
Conclusion
Quels pourrait être la gouvernance, les rôles des parties prenantes et des politiques publiques pour favoriser les changements dans le temps ?